FootballÀ Prague, le meilleur Suisse était au micro
Nouveau consultant de la RTS, Johan Djourou a davantage marqué les esprits qu’une équipe de Suisse sans âme ni volonté, battue 2-1 par la Tchéquie. Pour sa première à l’antenne, son expertise a fait mouche.


Johan Djourou (ici à Prague, avant le coup d’envoi): une décontraction et une expertise qui plaisent.
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Pour le coup d’envoi de la Ligue des nations, l’équipe de Suisse était très attendue à Prague. Or on n’a jamais vu ce que l’on aurait aimé en voir. Des joueurs qui roupillent, un manque de grinta, un jeu au ralenti, des leaders absents, etc.: les visiteurs ont eu tout faux.
Si la Suisse de Murat Yakin a manqué son rendez-vous praguois, Johan Djourou (35 ans) a réussi le sien. Lui aussi était très attendu. Pour sa première dans son rôle de consultant à la RTS, le Genevois a répondu présent, contrairement à ses anciens coéquipiers de la Nati. Parce que l’on a entendu, dans le cas présent, ce que l’on désirait entendre…
Dans un autre style que Steve von Bergen, le successeur du Neuchâtelois a fait parler son expertise. À la fois sobre et précis dans ses analyses, l’ancien international ne s’est pas dérobé non plus quand il s’est agi de relever les manquements helvétiques. Jusqu’à enchaîner les piques faisant chaque fois mouche. «Par rapport à l’intensité mise par les Tchèques, nous ne sommes pour l’instant pas à niveau (…) On voit une équipe de Suisse hésitante en tout (…) Il va falloir corriger un peu tout ça (…) On nous avait habitués à mieux (…) On n’était pas décidé.»
Proche des joueurs
Il en a résulté une étonnante complémentarité avec Davis Lemos. Le nouveau tandem demeure certes perfectible mais il a passé haut la main son premier test grandeur nature. C’est d’ailleurs Djourou lui-même, alors que la liaison venait d’être établie avec Prague depuis le plateau à Genève, qui devait lancer la soirée, brûlant – involontairement? - la politesse à son nouvel acolyte, peut-être aussi en raison d’un problème technique (pas de retour de son).
Bien dans son match, comme s’il était encore sur la pelouse (ce qui aurait sans doute été bien utile vu la «pataugée» de Schär et Elvedi, les deux défenseurs centraux), l’ancien Gunner aura largement été le meilleur Suisse au Sinobo Stadium. Tout au plus lui pardonnera-t-on un excès de familiarité dû à sa proximité avec le groupe, le fait d’appeler ainsi les joueurs par leur prénom ou des surnoms, à l’image de Fabian Schär devenu «Schärou» dans sa bouche. Tout considéré, cela a aussi peut-être participé au charme de ce soir de première en direct.
Les Suisses doivent mieux s’exprimer
Si les abonnés de RMC Sport ont déjà l’habitude d’écouter ses analyses pertinentes jusque devant un tableau (où le «professeur» Djourou décortique à la mi-temps les systèmes tactiques), ceux de la RTS ont découvert son affabilité teintée de bonne humeur. Avec la décontraction qui fait aussi son personnage, le nouveau consultant de la Tour a marqué plus de points que la Suisse. Tant Johan Djourou, de tous les internationaux, anciens ou en activité, aura été le seul à s’exprimer correctement jeudi soir.
Après avoir aisément passé, en dépit d’une retenue compréhensible, le baptême de l’antenne dans les foyers romands, il lui reste désormais à se lâcher davantage. C’est exactement ce que l’on attend aussi de footballeurs helvétiques condamnés à lâcher le frein à main dès dimanche au Portugal.
Faute de quoi, le nouveau binôme Lemos-Djourou pourrait durcir le ton…