Justice françaiseDix-huit prévenus condamnés dans l’affaire du «camion charnier»
Les peines vont du sursis à dix ans d’emprisonnement ferme. Quatre Vietnamiens ont été condamnés pour homicides involontaires.
- par
- François Treuthardt
«Un dessein purement lucratif.» Dix-huit des 19 personnes jugées pour leur participation à un vaste réseau d’immigration clandestine du Vietnam vers l’Europe ont été condamnées, vendredi, à Paris, à des peines allant du sursis à dix ans d’emprisonnement ferme.
Parmi eux, quatre Vietnamiens ont été condamnés pour homicides involontaires lors de la tragédie du camion charnier, dans lequel 39 migrants avaient été trouvés morts en Angleterre, dans la nuit du 22 au 23 octobre 2019.
Interdiction définitive du territoire national
«Vous étiez impliqués au premier plan de l’organisation de traversées de personnes en situation de précarité dans l’espoir d’une vie meilleure», a martelé la présidente du tribunal. Contre ces quatre prévenus, le tribunal a prononcé des peines de neuf à dix ans d’emprisonnement, assorties d’interdiction définitive du territoire national.
«Vous avez créé les conditions qui ont conduit au décès de ces personnes. Si elles avaient été moins nombreuses, peut-être auraient-elles survécu», a ajouté la présidente.
Pour l’avocat de Tony, condamné à dix ans de prison, cette peine est un véritable «coup de massue». «On considère donc que des hébergeurs ont la même responsabilité qu’un passeur», a déclaré l’homme de loi.
Deux prévenus «en fuite»
Le tribunal a condamné les quatre autres prévenus vietnamiens – dont deux absents au procès et considérés en fuite –, responsables de l’organisation du transport et de l’hébergement des migrants, à des peines d’un à dix ans de prison ferme.
Pendant plus de trois semaines, 19 prévenus étaient jugés à Paris pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’un étranger en France, commise en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs. Des délits passibles de dix ans d’emprisonnement.
Tous les autres prévenus ont été relaxés pour l’association de malfaiteurs, mais ont été condamnés pour aide au séjour irrégulier commise en bande organisée. Les peines prononcées contre sept chauffeurs de taxi vont de six mois de prison avec sursis à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, assorties d’amendes.
Migrants retrouvés morts près de Londres
Cette tragédie a jeté une lumière crue sur les risques de l’exil via des filières clandestines. Le matin du 22 octobre 2019, 31 hommes et huit femmes, âgés de 15 à 44 ans, tous originaires du Vietnam, étaient montés dans une remorque, dans le nord de la France.
Le conteneur était parti du port belge de Zeebruges, en direction de l’Angleterre, où a eu lieu la macabre découverte après une nuit de voyage, le 23 octobre 2019, dans la zone industrielle de Grays, à l’est de Londres. Les migrants avaient été retrouvés morts d’asphyxie et d’hyperthermie.
.Procédures dans plusieurs pays
Parallèlement à la France, des procédures judiciaires ont été menées au Royaume-Uni, au Vietnam et en Belgique. À Londres, un Roumain d’une quarantaine d’années désigné comme le chef du réseau a été condamné, en janvier 2021, à 27 ans de prison pour homicides involontaires et trafic de migrants. D’autres suspects, notamment les chauffeurs successifs du camion, ont écopé de douze à 20 ans d’emprisonnement. En Belgique, un Vietnamien accusé d’avoir été le chef de la cellule belge du réseau a été condamné à 15 ans début 2022.