Brésil: L’ex-président Bolsonaro joue son avenir dans un procès

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BrésilL’ex-président Bolsonaro joue son avenir dans un procès

Six mois après son départ du pouvoir, il affronte la justice: Jair Bolsonaro est jugé à partir de jeudi dans un procès qui pourrait lui valoir l’inéligibilité et le priver du scrutin de 2026.

Jair Bolsonaro le 21 juin 2023 à Brasilia.

Jair Bolsonaro le 21 juin 2023 à Brasilia.

AFP

Jair Bolsonaro, qui se dit innocent, sera absent jeudi pour son procès, car il se rendra à Porto Alegre (sud) pour des réunions politiques, a indiqué sa défense à l’AFP.

L’ancien chef de l’État (2019-2022) est poursuivi par le Tribunal électoral supérieur (TSE) pour s’en être pris à la justice électorale et avoir critiqué, sans preuve, la fiabilité du vote électronique, quelques mois avant les élections remportées par son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Les sept magistrats rendront, l’un après l’autre, leur vote au cours d’une session plénière qui doit s’ouvrir à 09 h 00 (heure locale, 14 h 00 en Suisse) à Brasilia.

Dans un discours en juillet 2022 à la résidence présidentielle de l’Alvorada, et retransmis sur la télévision publique, il avait déclaré devant des diplomates vouloir «corriger des failles» dans le système de vote électronique avec la «participation des forces armées», sans fournir la moindre preuve de ses allégations.

Pour ces propos, l’ex-capitaine de l’armée de 68 ans pourrait être déclaré «inéligible» à des mandats publics pendant huit ans. Le parquet le poursuit pour «abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication».

Durant toute sa campagne, il avait agité le risque de fraude, attisant la colère de ses partisans les plus radicaux qui, le 8 janvier, quelques jours seulement après l’entrée en fonction de Lula, avaient attaqué les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia. Des scènes saisissantes qui avaient rappelé l’assaut mené, deux ans auparavant, par des partisans de l’ancien président américain Donald Trump sur le Capitole à Washington.

«Jugement juste»

«Il n’y a eu aucune critique, ni d’attaque contre le système électoral. J’ai fait une présentation sobre sur la façon dont les élections fonctionnent au Brésil», a soutenu Jair Bolsonaro mercredi devant la presse. Sur CNN Brésil, il a demandé aux juges de rendre un «jugement juste». Si le tribunal ne rend pas sa décision dès jeudi, comme cela paraît probable, les délibérations pourront se poursuivre les 27 et 29 juin. Voire au-delà.

L’ancien chef de l’État a fait peu d’apparitions publiques depuis qu’il est rentré au Brésil fin mars après un séjour de trois mois aux États-Unis, mais il a tenu des réunions avec son Parti libéral, majoritaire au Parlement.

Mercredi, Jair Bolsonaro a dit «ne pas savoir» s’il serait de nouveau candidat à une charge publique, relevant que pour cela il lui faudrait «conserver» ses droits politiques. «Nous n’allons pas paniquer face à l’issue qui viendra (…). Nous voulons rester vivants, en apportant notre contribution au pays», a-t-il dit dimanche.

Il avait perdu avec seulement 1,8% d’écart au second tour face à Lula. Les partis de droite et d’extrême droite sont encore plus forts au Parlement qu’ils ne l’étaient sous son mandat, posant un défi de taille au président de gauche, de retour après deux mandats (2003-2010).

Jair Bolsonaro «a un grand électorat qui se laisse influencer par lui. Il agira en coulisses et se servira de son pouvoir de transfert de voix et d’influence en faveur de candidats», anticipe Marco Antonio Teixeira, politologue de la Fondation Getulio Vargas.

Mais l’ex-dirigeant n’est pas au bout de ses tourments judiciaires. Il fait face à une quinzaine de procédures devant le tribunal électoral. Il est aussi ciblé par la Cour suprême dans cinq affaires, notamment pour les attaques du 8 janvier, et encourt des peines de prison.

Depuis son retour des États-Unis, il a été entendu par la police à trois reprises: pour les violences à Brasilia, pour une affaire de bijoux offerts par l’Arabie saoudite, dont certains seraient entrés de manière irrégulière au Brésil, et pour falsification présumée de certificats de vaccination anti-Covid.

Le gouvernement Lula se tient à distance des affaires du leader d’extrême droite et n’a pas fait de déclarations récentes sur le sujet.

(AFP)

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