FootballPour le coach de Xamax, Nyon «ne devrait pas être en Challenge League»
À la Maladière, le derby romand a dégénéré en fin de partie lorsque les esprits se sont échauffés jusque sur le banc. Uli Forte a sorti la sulfateuse.
- par
- Nicolas Jacquier
1-1 à Colovray, 1-1 à la Maladière, il faut croire que Xamax et Nyon sont inséparables cette saison. Ce qui les réunit aussi, c’est l’extrême – et fort malsaine – tension qui se dégage de chacun de leurs affrontements. Une rivalité exacerbée que rien ne justifie fondamentalement. Le match aller avait déjà dégénéré lorsque plusieurs protagonistes, dans la confusion, en étaient tristement venus aux mains. Bousculades, insultes, gestes menaçants, tout cela n’avait déjà pas été très beau, n’ayant bien sûr rien à voir avec le football.
Vendredi soir, les retrouvailles entre les deux nouveaux meilleurs ennemis de Suisse romande n’ont pas dérogé à la règle, avec de nouveaux dérapages tout aussi déplorables. Tout s’est envenimé à la 85e minute lorsque M. Horisberger, après avoir ignoré une faute neuchâteloise sur un joueur vaudois resté au sol alors que l’action se poursuivait, devait avertir Ben Seghir pour réclamations dans le rond central suite à une violente charge sur Nsakala. Alors les esprits s’échauffèrent instantanément, jusque sur la touche où les deux coaches s’aboyèrent joyeusement dessus. Jusque-là rationnel, le match, placé sous le signe de la journée des arbitres et du respect (!), venait d’échapper à tout contrôle…
Uppercut verbal
Alors que chacun s’était pourtant calmé et que la tension semblait être retombée, Uli Forte, de façon assez surprenante, allait être le premier à rallumer la mèche sans que l’on ait vraiment besoin de l’y pousser. «Ils (ndlr: les joueurs de Nyon) sont très provocateurs, devait-il commencer à asséner face à une poignée de journalistes devant la porte des vestiaires. À la fin, ils ont fait des choses incroyables.» Une première escarmouche, suivi d’un uppercut verbal, nettement plus violent: «Nyon ne devrait pas être en Challenge League. Eux, ils devraient être contents d’être là.»
À l’origine du violent courroux du coach de Xamax, remonté comme un coucou, l’épisode du printemps dernier lorsque Nyon, à qui la licence pour évoluer en Challenge League venait d’être refusée en première instance, avait délibérément renoncé à se déplacer à Brühl SG pour y affronter l’équipe locale en guise de protestation (il lui en avait coûté un match perdu 3-0 forfait pour son boycott). Un épisode qu’Uli Forte n’a manifestement toujours pas digéré. «Ne pas jouer un match, ce n’est pas l’éthique du sport, fulminait-il. Ils auraient au moins pu aligner l’équipe B, ou l’équipe C… Ils auraient dû avoir 20 points de pénalité!»
Interrogé à son tour sur la nature de l’emportement plutôt inhabituel de son homologue, Christophe Caschili ne cherchait nullement à se défiler. «Forte est un impulsif, je le suis aussi. On se prend le bec, mais c’est lui qui met le feu aux poudres. Si la faute est sifflée pour nous, il n’y a pas d’échauffourées.»
Le coach de Xamax s’est-il délibérément mêlé de ce qui ne le regarde pas? Faut-il y voir la simple conséquence de l’extrême tension semblant régner dans les rangs neuchâtelois? C’est ce que sous-entend la version vaudoise. «Il faut qu’il reste aussi à sa place, reprend Caschili. Pourquoi mes joueurs ne mériteraient-ils pas d’être là? Ils se sont battus pour y être.» Dans le camp stadiste, certains ne manquaient pas de rappeler les efforts, y compris juridiques, que Xamax avait déployés pour tenter - en vain - de faire annuler le match de barrage contre la relégation en fin de saison passée. Une manœuvre jugée également fort peu fair-play par les visiteurs d’un soir… 1-1, balle au centre. Messieurs, on se calme!
Après pareil coup de chalumeau, on en oublierait presque qu’il y avait précédemment eu un match, au terme duquel Nyon, sans livrer la partie qu’il espérait mais avec les convictions qui sont les siennes, aura réussi à sauver un point, lui qui ne pouvait pas prétendre à mieux. «Autant on méritait de l’emporter chez nous, convenait son coach en recentrant le débat sur le rectangle vert, autant on doit être content de ne pas avoir perdu chez eux.»
Sept matches sans victoire
Alors que la victoire continue de le fuir depuis le 11 août, Xamax, pour sa part, a tout fait juste sauf la conclusion. «On aurait dû gagner ce match. On s’est créé des occasions incroyables pour cela. La chance nous boude mais peut-être doit-on encore plus la provoquer.» Voici sept matchs que les Neuchâtelois n’ont plus gagnés. «Je ne suis pas plus inquiet, conclut leur entraîneur. En continuant à travailler, les victoires vont revenir…»
Vendredi prochain, Xamax se déplacera à Tourbillon pour y affronter le FC Sion tandis que Nyon accueillera Bellinzone.