Football: Une délégation suisse a rendu visite à un entraîneur en vogue

Il y avait un petit bout de Suisse à Brighton la semaine dernière. Du samedi 27 janvier au jeudi 1er février, les sélectionneurs des équipes de jeunes helvétiques - des M15 aux M21 - se sont rendus dans le sud de l’Angleterre pour observer le fonctionnement du club de Premier League. Et, plus précisément, les méthodes de leur prestigieux homologue Roberto De Zerbi.

Celui que Pep Guardiola décrivait en mai dernier comme «l’un des coaches les plus influents des 20 dernières années» s’est rendu célèbre pour ses préceptes de jeu offensifs tournés vers la possession, les passes courtes et le contre-pressing. «Ses équipes démontrent une forte capacité à trouver des solutions face à tout type de défense, explique le Genevois Luigi Pisino, sélectionneur des M17. Elles maîtrisent à merveille les concepts de jeu en triangle, de joueur libre, de supériorité numérique, d’occupation des espaces…»

Au cours de ce séminaire organisé par Francesco Gabriele, le responsable des sélections de jeunes au sein de l’ASF, la délégation suisse a pu assister à deux entraînements de l’équipe professionnelle, ainsi qu’à la rencontre de championnat face à Luton et visiter l’académie. Objectif: s’imprégner d’une identité érigée en modèle par la Fédération.

«Dans le foot moderne, on remarque que de plus en plus de formations cherchent à imposer leur jeu, note Luigi Pisino. C’est ce qu’on souhaite mettre en place à notre échelle, s’appuyer sur une vision commune pour toutes nos sélections de jeunes. Roberto De Zerbi est une référence en la matière. Il l’est d’autant plus pour nous qu’il applique cette philosophie dans de modestes clubs.» Formulé autrement, l’Italien a démocratisé la conviction qu’être dominant avec le ballon n’était pas uniquement l’apanage des meilleurs effectifs. Forcément inspirant pour une puissance limitée telle que la Suisse.

Au cours de leur séjour à Brighton, Luigi Pisino et ses compères Sascha Stauch, Ilja Borenovic, Massimo Rizzo, Francesco Gabriele et Massimo Immersi - respectivement sélectionneurs des M21, M19, M18, M16 et M15 - se sont longuement entretenus avec «RDZ». «On avait rendez-vous avec lui le lendemain de notre arrivée, au centre d’entraînement, détaille l’ancien entraîneur des M21 de Servette. On a été surpris de sa disponibilité: on a passé plus de 3 heures à discuter. On a senti un type ultra-passionné et ouvert à l’échange. Il ne nous a absolument rien caché, même les difficultés auxquelles il pouvait se heurter, et s’est énormément servi de la vidéo afin d’étayer ses explications. C’est quelqu’un qui croit dur comme fer en ses idées. À ce niveau-là, c’est beau à voir.»

Et quoi de mieux que la compétition pour jauger le travail effectué? À Luton, où Brighton s’est incliné 0-4, les «Seagulls» ont livré «l’une de leurs pires prestations de la saison», dixit Luigi Pisino. «Mais ce qu’il y a de frappant, poursuit-il, c’est que l’approche du jeu ne change pas. Les principes de De Zerbi sont profondément ancrés, ses joueurs s’y tiennent quoi qu’il arrive. Et ils ont raison puisqu’en jouant de la même manière, ils se sont imposés 4-1 contre Crystal Palace quatre jours plus tard.»

Si l’immersion n’aura duré que quelques jours, elle a suffi aux sélectionneurs suisses pour mesurer la valeur de Roberto De Zerbi. «De nos jours, notre sport regorge de théoriciens mais peu sont capables de transmettre leur vision du jeu, constate Luigi Pisino. Les grands entraîneurs sont ceux qui savent diffuser à leurs joueurs des idées qui découlent d’heures d’analyses et de réflexion. Cela demande une compétence remarquable.»

Bilan de l’expérience? «On est venu à Brighton avec le désir de «tester» notre projet, on repart confortés dans l’idée qu’on va dans le bon sens», résume le Genevois.

Une touche de De Zerbi dans le football suisse: le dessein fait saliver.