Football - Commentaire: Dis-nous Messi que ce n’est pas vrai

Publié

FootballCommentaire: Dis-nous Messi que ce n’est pas vrai

Fin (provisoire?) de l’histoire: le Barça a perdu son inestimable joyau. Voir l’Argentin quitter le Camp Nou équivaut à sortir la Joconde du Louvre. Cela ne se fait pas...

Nicolas Jacquier
par
Nicolas Jacquier
Tournant le dos au Camp Nou, Messi s’en va. Il était le Barça.

Tournant le dos au Camp Nou, Messi s’en va. Il était le Barça.

AFP

C’est la nouvelle à laquelle chacun s’était préparé mais que personne n’osait vraiment croire. Jeudi en fin de journée, un communiqué sibyllin (quelques lignes surréalistes résumant 17 ans de vie commune…) du FC Barcelone a mis fin à une histoire d’amour que l’on aurait voulu penser éternelle: sauf rebondissement, Lionel Messi ne portera plus jamais le maillot blaugrana. Après ce divorce retentissant, tout fout le camp, surtout le meilleur, le plus grand.

Portant sur le respect du fair-play financier et les limitations salariales, le règlement administratif de la Liga espagnole a fait capoter une prolongation de contrat qui semblait pourtant encore acquise quelques jours plus tôt. Le joueur y avait même mis du sien en acceptant de diviser ses émoluments de moitié.

L’ensorceleur incarnait les émotions du jeu

Imaginer Messi, créateur de trouvailles et ensorceleur, ailleurs qu’au Camp Nou dont il est le joyau nous paraît inconcevable. Et si c’est impensable, c’est parce que c’est aussi irréel que choquant. Tant le feu-follet était l’incarnation même de ce que l’on aimait y trouver. Les émotions du jeu (l’inverse étant aussi vrai), l’expression du génie magnifié, sa passion exacerbée, le No 10 de la beauté…

Le voir évoluer dans son jardin rendait tout simplement heureux, transformait nos pesantes existences en des vies plus légères, plus aériennes, excepté celles de ces gardes du corps. Depuis bientôt deux décennies, La Pulga berçait nos soirées européennes et enchantait le monde.

Il y a bien sûr les chiffres - 778 matches, 672 buts, 35 titres, etc. - mais on ne résume pas le génie à leur énoncé. Messi, c’est le football qu’on aime, celui qui sort des conventions, c’est la liberté, au-delà des carcans qui emprisonnent si souvent la créativité. Sans lui (ni déjà Cristiano Ronaldo…), le clasico Barça-Real n’aura définitivement plus la même saveur.

Dans un rôle de mercenaire, beurk

Sans contrat depuis plusieurs semaines donc libre, le sextuple Ballon d’Or argentin va quitter Barcelone, ce qui devrait lui être interdit. Quand on a donné sa vie à un club, on ne peut pas la prolonger ailleurs, peu importe où. Il va pour cela se glisser dans le rôle d’un mercenaire qu’il n’a jamais été, revêtir une autre tunique, peu importe que cela celle de Manchester City, du PSG, de la Juventus ou d’une autre grosse cylindrée, autant de clubs installés dans les starting-blocks, prêts à s’offrir le joyau en faisant tourner la planche à billets. Beurk, quelle horreur, non merci.

Dis-nous Messi que ce n’est pas vrai, que le mauvais rêve va s’arrêter là, que tu n’es pas comme tout le monde, que ton talent ne peut s’exprimer qu’en blaugrana, que tu n’es pas un fugitif. Te voir quitter le musée du Camp Nou équivaut à sortir la Joconde du Louvre pour l’exposer chez des parvenus.

On ne transfère pas l’histoire. On ne déplace pas un monument.





Ton opinion