BienneLes gants de Babette aident l’Afghanistan
L’entrepreneuse Babette Keller Liechti reverse le bénéfice généré par son tissu démaquillant à une maternité.
- par
- Vincent Donzé
L’entrepreneuse Babette Keller Liechti se déclare «guidée» et «habitée». Elle est féminine, pas féministe, prône l’équité plus que l’égalité et veut des actes plutôt que des cris. À Bienne, où elle produit des gants démaquillants après en avoir fabriqué pour manipuler des montres proprement, cette femme de caractère, active pendant la pandémie avec des masques en microfibres, veut se rendre utile en matière humanitaire. Elle veut financer une maternité en Afghanistan.
Saluée en 2009 par le Prix Veuve Clicquot pour son leadership écoresponsable et social, Babette Keller Liechti, a lancé en 2018 un gant nettoyant et démaquillant, durable et propre pour la planète. Utilisables uniquement avec de l’eau, ses gants démaquillants «KT Care» sont lavables et durent deux ans.
3000 rondelles
Ses gants suppriment l’usage d’environ 3000 rondelles de coton et lingettes à usage unique et évitent le plastique des flacons de démaquillant. Un geste pour la planète que l’entrepreneuse biennoise promeut aussi aujourd’hui comme un geste caritatif et humanitaire.
Babette Keller Liechti partage ses convictions écologiques et humaines avec la sportive de l’extrême Géraldine Fasnacht. Elle assure vouloir aider son prochain dans un esprit communautaire: «Ma foi n’a jamais vacillé», dit-elle en précisant l’avoir placée dans la planète tout entière. «Je suis simplement connectée à l’Univers: l’Amour, je le porte à l’environnement et à l’humain», précise l’entrepreneuse.
Adepte de la méthode japonaise Reiki pour se relaxer et méditer, Babette s’est levée un matin en se disant qu’elle avait un rôle utile à jouer. «Tout se passe comme si ma vie était planifiée», sourit-elle, en plaçant son «rêve le plus fou» au siège de l’ONU à New York.
«Pour avoir une chance de réussite, il faut se fixer des objectifs extrêmement élevés», glisse Babette Keller Liechti, désireuse d’utiliser son image pour des causes, un geste pour soi, sa peau, pour l’environnement et humanitaire. Cette cause caritative débute avec l’Afghanistan, un pays où la situation sanitaire et sécuritaire est ultrasensible.
Cinq modèles
L’atout de Babette Keller Liechti, c’est la microfibre. Grâce à ses entreprises Keller Trading et KT Home qui emploient 40 personnes, elle s’est fixée comme objectif de reverser la moitié du bénéfice généré par la vente de cinq modèles de gants démaquillants qui ira désormais à une maternité gérée à Kohst par «Médecin sans frontière Suisse».
L’apport sera directement investi dans les médicaments, les salaires et dans la formation continue des équipes «afin de pérenniser et renforcer» les infrastructures médicales de la maternité de Kohst où naissent quotidiennement jusqu’à 50 enfants. Une campagne au nom fédérateur: «Ensemble dans un même geste».
Le déclic s’est produit en voyant un reportage où une femme afghane expliquait qu’elle allait vendre son dernier enfant pour nourrir sa famille. Babette Keller Liechti est persuadée de la justesse de ses choix: «Ce qui part du cœur revient au cœur», dit-elle.
«Médecins sans frontières Suisse» (MSF) finance ses actions à 96% grâce à des donations privées. L’ONG bénéficie de 250 000 donateurs et donatrices dans tout le pays, une situation lui permet d’agir en totale indépendance sur ses terrains d’actions.