KirghizstanDes opposants arrêtés pour tentative de «coup d’Etat»
Des membres du parti d’opposition ont été arrêtés et plusieurs perquisitions menées. En cause, l’opposition à un accord avec l’Ouzbékistan voisin.
Les services secrets du Kirghizstan (GKNB) ont annoncé jeudi l’arrestation pour tentative de «coup d’Etat» de membres du principal parti d’opposition de ce pays d’Asie centrale, dont le chef est déjà visé par une enquête. «Le GKNB a déjoué les activités illégales des membres du parti Butun Kirghizstan (Kirghizstan uni), qui préparaient clandestinement des émeutes et des troubles à grande échelle dans le pays pour mener à un coup d’Etat», ont indiqué les services, dans un communiqué.
D’après la même source, des perquisitions ont été menées au domicile de «dix membres du parti», dont «deux ont été placés en détention provisoire», tandis que «des mesures d’enquête se poursuivaient à l’encontre des autres personnes arrêtées». Le GKNB accuse le parti Kirghizstan uni, disposant de six élus au Parlement et dirigé par le nationaliste Adakhan Madoumarov, ex-candidat à la présidentielle de 2021, d’avoir coordonné les activités des personnes arrêtées.
Instabilité politique due à l’eau
M. Madoumarov est poursuivi pour «émeutes», «prise de pouvoir par la force» et «abus de pouvoir» dans une affaire, selon les médias locaux, remontant à 2009, où il est accusé d’avoir signé un accord frontalier controversé avec le Tadjikistan. Il est aussi l’une des principales voix critiques s’opposant à un accord frontalier avec l’Ouzbékistan voisin, qui met notamment en jeu l’utilisation du réservoir d’eau de Kempir-Abad, ressource cruciale dans cette région agricole souffrant de sécheresse.
Les autorités de Bichkek, la capitale du Kirghizstan ont introduit des restrictions d'approvisionnement en eau, y compris des coupures nocturnes, car le niveau des nappes phréatiques a baissé de 15 à 20 mètres par rapport à l'année dernière et les températures grimpent déjà à 40°C. Alors que la sécheresse affecte notoirement les zones rurales du Kirghizstan, c'est maintenant la capitale de ce pays d'Asie centrale qui est touchée.
En octobre, une vingtaine de personnalités politiques et de hauts fonctionnaires opposés à cet accord ont été interpellés pour «tentative de coup d’Etat» et tous n’ont pas été libérés. Dans une autre affaire, le GKNB a arrêté, début juin, une trentaine de personnes accusées de vouloir «organiser des émeutes et un coup d’Etat». Le Kirghizstan, une ex-république soviétique restée alliée de la Russie et se rapprochant de la Chine, a connu de multiples crises politiques avec trois révolutions (2005, 2010, 2020) depuis la chute de l’URSS en 1991.
L’or bleu au centre des dissensions
L’Asie centrale pourrait devenir le théâtre des «guerres de l’eau». Le Tadjikistan et le Kirghizstan se déchirent pour s’accaparer les réserves d’eau de la région. L’enjeu est de taille car un contrôle sur cette ressource permettrait, pour le pays qui y parvient, de booster une économie fragile. Ces deux anciennes républiques soviétiques sont pauvres et touchées de plein fouet par le changement climatique, qui ne fera qu’exacerber ce type de conflit.