TennisAshleigh Barty triomphe pour toute l’Australie
La No 1 mondiale a dominé Danielle Collins en finale de l’Open d’Australie (6-3, 7-6). Un triomphe que toute l’île attendait depuis 44 ans.
- par
- Mathieu Aeschmann
«The wait is over.» On ne sait pas si nos collègues de Channel Nine ont rendu hommage à la BBC juste après la balle de match. Mais en triomphant enfin sur la Rod Laver Arena, samedi face à Danielle Collins (6-3, 7-6), Ashleigh Barty a soulagé toute l’Australie comme Andy Murray l’avait fait avec la Grande-Bretagne en 2013. Sur le gazon de Wimbledon, l’Écossais avait mis fin à 77 ans de frustrations. La No 1 mondiale, elle, a tourné une page longue de 44 années d’espoirs déçus (Turnbull, Stosur, Dokic) en surmontant une nervosité légitime et un début de deuxième set catastrophique pour conclure sa quinzaine de rêve.
Si le moment est historique, cette finale, elle, aura été quelconque. La faute à l’enjeu et au style de jeu des deux jeunes femmes. Alors que l’Australienne adore dicter le point derrière son formidable service, Danielle Collins s’appuie sur une qualité de retour exceptionnelle pour frapper très fort, très vite. En pleine confiance, ces deux attaquantes aux styles antagonistes auraient pu nous proposer un chef-d’œuvre. Malheureusement, la tension injecta beaucoup de déchets dans leur entame de points. Et c’est donc par vagues d’emprise psychologique que se dessina le scénario du match.
La première aura été «surfée» par Ashleigh Barty à la sortie d’une première alerte sous la forme d’une balle de break sauvée d’un enchaînement service – coup droit limpide (2-2). Peut-être secouée par cette occasion manquée, l’Américaine concéda son service suivant sur une double faute puis piqua du nez jusqu’à la fin de la première manche (6-3).
La suite fut plus surprenante. Car c’est la No 1 mondiale qui commença à parsemer son jeu de vilaines fautes (double faute, coup droit). Menée 5-1, la chouchou de Melbourne Park semblait alors se préparer à empoigner un set décisif; ce qui relâcha presque automatiquement son bras merveilleux. Dos au mur, son coup droit redevint soudain létal. Et lorsque les deux jeunes femmes se retrouvèrent au tie-break, tout le monde avait compris que la patronne du circuit allait enfin réaliser son rêve.
«Un rêve qui devient réalité»
«J’ai tellement de chances d’avoir autant de gens autour de moi pour me soutenir. Je suis tellement chanceuse d’être entourée par autant d’amour, réagissait «Ash» après avoir reçu le trophée de son idole Evonne Goolagong. Et en tant qu’Australienne, je suis ravie de partager cette victoire avec vous. Vous êtes une foule fabuleuse: vous m’avez relâchée, portée vers mon meilleur tennis. C’est un rêve qui devient réalité. Je suis tellement fière d’être Australienne.»
Titrée chez elle, après Wimbledon et Roland-Garros, Ashleigh Barty est désormais un peu plus qu’une superbe No 1 mondiale. Avec ce titre, l’Australienne devient la porte-drapeau du tennis féminin – un statut auquel seule Naomi Osaka peut prétendre. Un porte-drapeau humble, calme et naturel. Un porte-drapeau technique surtout. Car les succès d’Ashleigh Barty sont moins une bénédiction que son tennis. Sa frappe de balle est si fluide, ses choix si variés que son jeu semble sans cesse ouvrir des possibles. Pour tous les joueurs de tennis de la planète – les jeunes filles surtout, mais pas seulement – son parcours est une inspiration et sa consécration un bonheur.