Attaque d’Arras7000 militaires déployés, dix personnes en garde à vue
Au lendemain du meurtre d’un enseignant devant un collège-lycée d’Arras par un jeune homme fiché pour radicalisation, l’Elysée a annoncé samedi mobiliser jusqu’à 7000 soldats de la force Sentinelle.
L’Elysée a annoncé samedi le déploiement de 7000 soldats sur le territoire, au lendemain de l’assassinat d’un enseignant de français, Dominique Bernard, poignardé à mort par un jeune homme fiché S devant un collège-lycée d’Arras, où se sont recueillis dans la matinée élèves et habitants. Ces soldats «seront déployés d’ici à lundi soir et jusqu’à nouvel ordre», a précisé l’Elysée, dans un contexte marqué par les craintes d’importation en France du conflit entre le Hamas et Israël.
Le France est passée dès vendredi soir en alerte «urgence attentat», le niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate, après cet acte que le président Emmanuel Macron a qualifié de «terrorisme islamiste». Cette attaque, qui a également fait trois blessés, est intervenue juste avant la commémoration lundi de l’assassinat de Samuel Paty, enseignant d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020, près de son collège en région parisienne, pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression.
Recueillement au lycée
Des CRS patrouillaient samedi devant la cité scolaire Gambetta, dans le centre d’Arras, restée ouverte malgré l’annulation des cours, où se sont recueillis des habitants et des élèves parfois accompagnés de leurs parents. «C’est mieux de laisser le lycée ouvert, que tout le monde puisse venir, parler, pour faire son deuil», témoigne Camille, 17 ans, qui a assisté à l’attaque. Émilie est, elle, venue accompagner son fils Louis, scolarisé en 5e, ancien élève de la victime, pour l’aider à «passer le seuil de la porte».
«On a mis en berne la ville pour ce week-end en déprogrammant toutes les manifestations», a annoncé le maire Frédéric Leturque (Les Centristes). Le ministre de l’Education Gabriel Attal, qui a annoncé le déploiement de 1000 personnels de sécurité dans les établissements scolaires, s’est lui aussi rendu samedi dans l’établissement. Dans toute la France, 500 établissements seront ouverts samedi, et un «moment d’union et de recueillement» est prévu lundi, a indiqué M. Attal.
L’attaque d’Arras survient aussi dans une «atmosphère extrêmement négative» en raison du conflit entre Israël et le Hamas, a souligné le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, affirmant qu’il existait un «lien entre ce qu’il s’est passé sans doute dans le Proche-Orient et le passage à l’acte» de l’assaillant.
Dix gardes à vue
Dix personnes ont été placées en garde à vue, dont le suspect et deux de ses frères, a indiqué une source policière. L’un a été sorti de sa cellule, où il est incarcéré après sa condamnation pour sa participation à un projet d’attentat, a-t-elle précisé. L’assaillant, un ancien élève de l’établissement, faisait l’objet d’un suivi récent de la part de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui l’avait interpellé jeudi «pour vérifier s’il n’avait pas d’arme sur lui» et pour «regarder son téléphone et notamment les messageries cryptées», a indiqué Gérald Darmanin.
Né selon l’administration française dans la république russe à majorité musulmane d’Ingouchie, il est selon une source policière de nationalité russe, arrivé en France en 2008. Son père, également fiché S, a été expulsé en 2018 selon M. Darmanin, mais lui ne pouvait légalement l’être, car il est entré en France avant l’âge de 13 ans.
La victime décédée, Dominique Bernard, enseignant de français au collège, «s’est interposé d’abord, et a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies», a souligné Emmanuel Macron, appelant les Français à «faire bloc» face à «la barbarie du terrorisme islamiste». L’attaque met le gouvernement sous pression, la droite exhortant à instaurer «l’Etat d’urgence», tandis que l’extrême droite pointe des «failles» et appelle à la démission du ministre de l’Intérieur.