Protection des animauxDes éléphants arrachés à leur vie sauvage
Des éléphants sont exportés par avion d’Afrique vers le golfe Persique. Un photographe suisse dénonce ce commerce. Mais la Convention de Washington sur la protection des espèces ne s’applique pas ici.
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Des éléphants se promènent sur la rivière Chobe, qui borde le Botswana et la Namibie à Kasane, le 19 juillet 2022.
AFPDepuis plus d’une année, des éléphants sont exportés de Namibie vers les Émirats arabes unis à bord de Boeing 747. Les pachydermes s’en vont rejoindre le Sharjah Safari Park et le zoo d’Al-Ain, à Abu Dhabi. Selon les informations officielles, les deux installations servent à protéger la faune. «C’est une excuse. En réalité il s’agit d’argent et de symboles de prestige», explique au «SonntagsBlick» Karl Ammann, écologiste et photographe animalier saint-gallois, qui a dénoncé sous un pseudonyme ce commerce sur le site d’informations «The New Arab», en septembre dernier.
Au total, le Sharjah Safari Park et le zoo d’Al-Ain ont versé l’équivalent d’environ 3,3 millions de francs. Le gouvernement namibien a reçu moins de 100’000 francs. Le reste est allé à des intermédiaires.
Sécheresse et braconnage
Pour les autorités namibiennes, il y a de toute façon trop d’éléphants dans la région de Kamanjab et leur présence occasionne des conflits avec les agriculteurs locaux. Selon des études scientifiques, en revanche, l’exportation vers les Émirats représente une menace supplémentaire pour les populations de pachydermes du sud-ouest africain, qui ont diminué notamment en raison de la sécheresse et du braconnage.
Prévenir les violations de la protection des espèces serait la tâche du secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), aussi appelée Convention de Washington, basé à Genève. Cependant, si le commerce des éléphants est effectivement interdit, zoos et parcs safaris peuvent importer ou exporter ces animaux, car ils sont considérés comme non commerciaux.
«La CITES ne sert à rien. Elle pourrait imposer des sanctions à la Namibie et aux Émirats arabes unis», déplore Karl Ammann, pour qui la Suisse n’en fait pas assez.
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