FootballSion en Super League: les 10 moments forts de la saison
Une rédemption générale, un projet de nouveau stade, un entraîneur passé proche de la mort, un buteur symbolique: voici par quoi le FC Sion est passé avant de retrouver l’élite.
- par
- Florian Vaney
Pardon, projet de rêve et contexte incertain
Sans que le FC Sion ne prenne la peine de rédiger un communiqué, la porte est indiquée à Paolo Tramezzani après la débâcle du barrage face à Stade Lausanne Ouchy. Le lendemain, Barthélemy Constantin présente ses excuses publiques: «S’il existe autant de critiques, c’est parce qu’on ne mène pas à bien notre mission principale: celle de procurer du plaisir aux gens qui suivent le club.» Puis un projet de rêve: «On remet tout à plat, on part de zéro, on lance un projet réfléchi, sain, avec un entraîneur qui se fixe à l’équipe sur le long terme. Moins d’impulsivité, moins d’argent jeté par les fenêtres, aussi», promet le directeur sportif.
Le contexte n’en est pas moins lourd. Il est question d’un des pires échecs sportifs de l’histoire du club, auquel s’ajoute la menace de Christian Constantin de faire disparaître le football professionnel en Valais. Dans lequel il faut lire un ultimatum dirigé en direction des autorités locales autour de la question d’un nouveau stade.
Inspirations et dérapages du Gradin Nord
Le Gradin Nord s’apprête à réaliser une saison artistiquement et vocalement très réussie, multipliant les jolies trouvailles au moment de déployer ses tifos (quel travail pour celui présenté lundi!) et soutenant avec une immense ferveur son équipe d’un bout à l’autre du championnat. Mais en début d’exercice, les fans valaisans donnent presque plus de fil à retordre aux joueurs du FC Sion que leurs adversaires en Challenge League. En août au premier tour de la Coupe de Suisse, Didier Tholot et plusieurs de ses joueurs doivent retenir certains supporters agités en tribune lors d’un déplacement à Carouge. Ceux-ci attaquent tout de même une tribune familiale de la Fontenette. Deux mois avant de remettre ça à Onex au troisième tour de la compétition, où des projectiles enflammés circulent entre les tribunes. «Quand tu vois une torche s’envoler, tu n’es jamais tranquille», admet alors Barthélemy Constantin, qui refuse néanmoins de s’en prendre à ses supporters.
À Tourbillon comme dans un moulin
C’est que le FC Sion a très vite souhaité positionner cette saison sous le signe de la communion générale. Billets gratuits pour le premier match à domicile contre Aarau, pour le premier match de Coupe à Tourbillon contre Grasshopper, pour la réception du Stade Nyonnais en avril. Aux premières portes ouvertes, Christian Constantin tente encore d’arguer qu’il s’agit pour lui de donner un second souffle à la campagne de vente d’abonnements. Soit. Il devient rapidement clair que Sion cherche surtout à renouer avec son public. C’est tout en son honneur de s’y être pris ainsi.
La menace thounoise
Sportivement, sans valoir comme un spectacle de chaque instant, le début de championnat du FC Sion s’apparente à une réussite. Les briques du succès s’empilent bien, sous la surveillance d’un Didier Tholot qui veille au respect de valeurs trop longtemps bafouées en Valais. À une exception: la présence d’un antagoniste nommé Thoune. La seule équipe qui trouvera la recette pour battre les Valaisans cette saison en championnat fait tourner le match du 25 septembre, de 2-0 à 2-3. Et lance alors un message: Sion ne retrouvera pas l’élite si facilement. Suivront trois autres confrontations entre les deux équipes (un nul, deux victoires bernoises), et une rivalité qui offrira du suspense à la Challenge League jusqu’à l’avant-dernière ronde.
Christian Constantin en reprend pour dix ans
Le 11 janvier, alors que sa première équipe passe la trêve hivernale dans le fauteuil de leader, Sion convoque une conférence de presse. Dans la salle, on n’avait plus vu autant de monde pour un événement similaire depuis… la présentation officielle de Mario Balotelli. Les autorités politiques, le club et l’Association valaisanne de football signent fièrement une lettre d’intention visant la création d’un nouveau stade à l’horizon 2029 et d’un projet assez gigantesque associé. «J’en reprends pour dix ans», déclare Christian Constantin. Mettant fin à ses menaces de rétrogradation volontaire. «CC» abandonne l’abandon. Après avoir enterré son célèbre gala en 2023, le boss du FC Sion évoque déjà sa résurrection.
L’arrêt cardiaque de Didier Tholot
«Je suis passé tout près de la correctionnelle.» L’expression employée par Didier Tholot fin novembre n’est pas une image sportive. «J’ai failli mourir dans mon bureau», glisse-t-il quelques mois plus tard au Blick. Un arrêt cardiaque aurait pu emporter l’entraîneur à succès du FC Sion. Une année plus tôt, Stade Lausanne Ouchy avait su tirer du drame (trois décès survenus dans ou autour de l’équipe) une force qui l’avait mené à la promotion. En Valais, la tragédie peut être évitée. Mais il n’est pas interdit de penser que l’événement soude encore davantage un groupe qui a très vite semblé bien vivre ensemble.
Surtout, pas de vagues
Très bien vivre ensemble, même. À tel point que le mercato hivernal s’attarde dans un calme plat. Georgi Rusev et Junior Ntenda sont les deux seules recrues à prendre la route du Valais. On ne les verra quasi pas du printemps… jusqu’à ce que le Bulgare inscrive le vrai but du titre lors de l’antépénultième journée à Aarau. Moins d’agitation, moins de noms ronflants: Sion aurait-il appris de ses erreurs?
Un maillot au prix d’un abonnement
À force d’enchaîner les pas dans la bonne direction, les Sédunois réussissent tout de même à s’attirer les moqueries de la Suisse romande. On est fin 2023, et le FC Sion présente un maillot réalisé en collaboration avec l’artiste valaisan Spicy. Son design reçoit autant de louanges que de critiques. En revanche, son prix ne passe pas: 289 francs dans sa version avec flocage. À ce tarif-là, il y a moyen de s’offrir une année de football à Tourbillon. Convaincu de son coup, Sion a curieusement choisi de ressortir sa tunique en or pour le dernier chapitre de sa saison, lundi contre Schaffhouse.
15 000 spectateurs pour la Coupe de Suisse
Tourbillon n’avait plus vécu ça depuis la réception de Liverpool. La demi-finale de Coupe de Suisse contre Lugano attire 15 000 personnes fin avril, pour un guichet archi fermé qui crée l’effervescence en ville. Christian Constantin, qui s’était fait particulièrement discret dans les médias durant la saison, ressort déjà partiellement de sa tanière durant la semaine précédent l’affiche. La défaite survenue à Thoune pousse le président à activer le premier étage de la fusée, comme on a pris l’habitude de dire en Valais. «CC» articule alors un coup de pression général à destination de son équipe. Le genre d’épisode qui peut très vite mener à un jeu de dominos entraînant un licenciement d’entraîneur. Rien de tout ça pour cette fois, malgré la défaite contre Lugano. En revanche, Christian Constantin est bien de retour sur le devant de la place publique. Il saisit le Tribunal arbitral du sport à cause d’un penalty litigieux accordé aux Tessinois et l’impossibilité de s’en remettre à la VAR ce jour-là. Le verdict est attendu pour mardi. Il paraît inconcevable que le TAS puisse aller dans le sens du FC Sion.
Dejan Sorgic balaie Mario Balotelli
Dejan Sorgic se trouvait-il en position de hors-jeu lorsqu’il a ouvert le score lundi? Possible. Déjà promu, Sion n’a pas spécialement besoin de ce but. Si ce n’est pour faire lever une foule d’un peu plus de 12 000 personnes. Et pour asseoir un symbole fort de signification.
En poussant le ballon au fond à la 41e minute, Sorgic conquiert le titre de meilleur buteur de Challenge League. Autrement dit, l’attaquant devient encore un peu plus l’incarnation du succès et du renouveau du FC Sion. Là où sa vedette de prédécesseur, un certain Mario Balotelli, s’était surtout employée à représenter la déchéance, la suffisance et l’échec. Dejan Sorgic quitte le terrain sous une standing ovation, quelques minutes après avoir encore ajouté un 16e goal à son total personnel. Logique. Cette fois, Sion a trouvé la bonne personne à qui confier l’importantissime rôle de buteur.