Paris: Un ancien détenu de Guantánamo écope de 10 ans de prison

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ParisUn ancien détenu de Guantánamo écope de 10 ans de prison

L’Algérien Saber Lahmar a été condamné vendredi, pour avoir incité plusieurs candidats au jihad à des départs en Irak ou en Syrie.

Saber Lahmar, sur une photo d’archives.

Saber Lahmar, sur une photo d’archives.

AFP

Ancien détenu de Guantánamo innocenté, l’Algérien Saber Lahmar a été rattrapé par la justice. Il a été condamné vendredi, à Paris, à dix ans de prison pour propagande jihadiste. La XVIe chambre du tribunal correctionnel, spécialisée en matière de terrorisme, a considéré qu’il avait, via des prêches et des conversations, «joué un rôle actif» dans plusieurs départs en Syrie et en Irak, aux conséquences importantes, puisqu’un homme est présumé mort depuis fin 2015. Le tribunal a retenu contre lui le contenu de prêches et des propos tenus dans la région bordelaise, dans la première moitié des années 2010, «où il justifiait le départ en Syrie et en Irak».

M. Lahmar, 53 ans, né en Algérie et passé par la Bosnie-Herzégovine, avait été transféré en 2002 pour huit années de détention dans la prison militaire de Guantánamo, base navale américaine à Cuba, où il a subi des tortures avant de sortir innocenté par la justice américaine et d’être accueilli par la France fin 2009. La XVIe chambre a aussi pris en compte des témoignages de proches de M. Lahmar faisant état de prêches radicaux ainsi que des conversations avec les personnes parties sur zone où «il ne remettait pas en cause leur départ».

La cour, qui a suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), l’a aussi condamné à une période de sûreté des deux tiers ainsi qu’à une interdiction définitive du territoire français. Elle a relevé les importantes «conséquences provoquées» par les faits d’une «particulière gravité» qui lui sont reprochés concernant deux jihadistes: la mort présumée «en martyr d’Othman Yekhlef», la condamnation à mort de Salim Machou et le «sort de cinq enfants qui ont vécu en zone de guerre» et qui sont retenus depuis 2017, dans un camp du Rojava».

Pendant toute l’audience, M. Lahmar avait rejeté constamment les accusations. Ses avocats, Me Christian Blazy et Alix de Villanove, ont annoncé qu’ils allaient faire appel. «Aujourd’hui, sous prétexte qu’il avait une certaine aura de par sa culture islamique», après avoir reçu une formation à Médine dans les années 1990, «on le condamne sans preuve, pour avoir facilité le départ d’une famille vers la zone irako-syrienne alors qu’il n’avait objectivement aucun pouvoir pour le faire», ont-ils critiqué.

Coprévenu relaxé

Son coprévenu, Mohamed H., présenté par l’accusation comme son «second», a en revanche été relaxé, malgré les réquisitions du Pnat de six ans d’emprisonnement. Le tribunal a estimé que son «adhésion totale à l’idéologie de l’organisation État islamique entre septembre 2015 et mai 2017» était établie mais qu’outre son «réel cheminement d’introspection» depuis, aucun élément ne prouvait qu’il avait eu un rôle de propagande ou d’incitation, au départ de quiconque, sur zone irako-syrienne.

(AFP)

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