Nagorny KarabakhBakou et les séparatistes prêts à poursuivre leurs discussions
Les premiers pourparlers pour la réintégration du territoire azerbaïdjanais sécessionniste ont eu lieu jeudi à Yevlakh, alors que des tirs ont été entendus dans la journée à Stepanakert.
L’Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh sont prêts à poursuivre les pourparlers entamés jeudi sur une réintégration de ce territoire sécessionniste où l’armée azerbaïdjanaise vient de remporter une victoire éclair.
Colonne de 4X4 noirs
A Bakou, la présidence, qui a qualifié de «constructives» les quelque deux heures de discussions qu’ont eues les protagonistes à Yevlakh, une ville à 295 km à l’ouest de la capitale, a annoncé qu’une nouvelle réunion aurait lieu «le plus rapidement possible». «Les parties ont insisté en particulier sur la nécessité de discuter de tous les problèmes existants dans un environnement paisible et ont fait part de leur disposition à poursuivre les réunions», ont pour leur part commenté les séparatistes dans un communiqué.
Une colonne de 4X4 noirs était arrivée sur place dans la matinée, suivie d’un véhicule sur lequel flottait un drapeau russe et portant des plaques d’immatriculation de l’armée russe. Selon des images diffusées par l’agence de presse officielle azerbaïdjanaise Azertag, six hommes en costume s’étaient ensuite assis autour d’une table. Parmi eux, un représentant du Nagorny Karabakh était visible, David Melkoumian. La veille, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, avait assuré que l’Azerbaïdjan avait «pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh» et une «normalisation» des relations avec l’Arménie.
Aucune évacuation de masse
Au cours d’une conversation téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais, le président russe Vladimir Poutine a demandé que «les droits et la sécurité» des Arméniens du Nagorny Karabakh – où ils sont majoritaires – soient garantis par Bakou. Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit en effet les craintes d’un départ massif des 120’000 habitants de cette enclave. Dans l’immédiat, l’Arménie a promis qu’aucune évacuation de masse n’était prévue.
A Genève, l’Arménie, qui a qualifié de «crime contre l’humanité» l’opération militaire azerbaïdjanaise, avait plus tôt affirmé devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qu’un «nettoyage ethnique» était «en cours». Plus de 10’000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont d’ores et déjà été évacuées du Nagorny Karabakh, a fait savoir mercredi soir un responsable séparatiste. Les soldats de la paix russes, déployés dans cette région disputée depuis la fin de la dernière guerre à l’automne 2020, ont quant à eux affirmé jeudi matin, avoir pris en charge environ 5000 d’entre elles.
Bakou dément avoir rompu le cessez-le feu
Au moment où les pourparlers ont commencé à Yevlakh, des tirs, dont l’origine n’est pour le moment pas connue, ont été entendus à Stepanakert, la capitale des séparatistes arméniens, par un correspondant de l’AFP présent sur place. «Les forces armées azerbaïdjanaises ont utilisé différentes armes depuis les environs de Stepanakert, violant l’accord sur le cessez-le-feu» entré en vigueur mercredi, ont accusé les sécessionnistes.
Des allégations aussitôt qualifiées de «désinformation» par le ministre azerbaïdjanais de la Défense, Zakir Hassanov. Aroutioun Gasparian, un homme d’affaires de Stepanakert, a simplement évoqué un petit échange de tirs à l’extérieur de la ville. «Nous sommes assis chez nous et attendons les résultats des négociations (à Yevlakh). Tous les habitants de la ville sont assis chez eux ou dans leur jardin, attendant», a-t-il ajouté. Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l’offensive azerbaïdjanaise qui s’est achevée en 24 heures, mercredi, à la mi-journée, a fait au moins 200 morts et 400 blessés.
Passe d’armes à l’ONU entre Erevan et Bakou
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré jeudi à une passe d’armes devant le Conseil de sécurité de l’ONU à propos du Nagorny Karabakh. Invités à s’adresser au Conseil, réuni d’urgence à la demande de Paris, les ministres arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan et Djeyhoun Baïramov, se sont mutuellement accusés d’être responsables de la dégradation de la situation dans cette région disputée du Caucase du Sud.
Prenant la parole en premier, le ministre arménien a affirmé qu’il n’y avait pas «deux parties dans ce conflit mais un agresseur et une victime», en accusant Bakou d’avoir lancé une offensive «injustifiée et planifiée» visant à «finaliser le nettoyage ethnique» au Nagorny Karabakh. Il a également accusé Bakou d’avoir mené des «bombardements intenses, sans discernement et d’utiliser de l’artillerie lourde, y compris le recours prohibé de bombes à sous-munitions».
Son homologue azerbaïdjanais a lui dénoncé une «campagne de désinformation» d’Erevan, accusée d’«alimenter et de soutenir les séparatistes» au Nagorny Karabakh, région qui est sous la souveraineté de Bakou, s'en prenant par ailleurs à un Conseil de sécurité «partial».
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