Guerre en UkraineL’ambassade suisse déploie un drapeau: «mauvaise idée»
Un grand drapeau rouge à croix blanche avait été installé sur le toit du bâtiment à Kiev. Mais pour des raisons de sécurité, il a dû être escamoté.
- par
- R.M.
L’ambassadeur suisse à Kiev avait fait placer un grand drapeau helvétique sur le toit de l’ambassade. Une très mauvaise idée, avait réagi un observateur avisé. Le diplomate s’était alors ravisé et avait décidé de vite escamoter la bannière rouge à croix blanche. Explications.
L’histoire, racontée par le «Tages-Anzeiger», commence en mars, peu après le début de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes. Kiev est ciblé. La décision est alors prise d’évacuer l’ambassade suisse: tous les employés vont se réfugier en Moldavie.
Avant de partir, l’ambassadeur Claude Wild décide cependant de dérouler un grand drapeau suisse sur le toit du bâtiment. Une décision logique: l’ambassade devait être reconnaissable depuis le ciel pour ne pas être ciblée par l’aviation russe. «Les représentations officielles doivent rester reconnaissables comme telles depuis les airs lors d’actes de guerre», a commenté l’ambassadeur.
Confusion possible
Sauf que l’étendard pouvait en fait susciter l’effet exactement inverse et exposer l’ambassade plutôt que la protéger. L’avertissement est venu sur Twitter d’Ilya Novikov, un blogueur et journaliste ukrainien suivi par 50 000 personnes. Le 6 avril, il a posté une photo du bâtiment avec son drapeau sur le toit. Et de commenter: «Mauvaise idée, l’ambassade de Suisse à Kiev. Les pilotes russes ne verront ça que comme un autre hôpital.»
Selon lui, la croix blanche sur fond rouge est parfois confondue avec l’emblème de la Croix-Rouge d’un hôpital. Or, en dépit des conventions internationales, l’armée russe a parfois bombardé de telles installations durant le conflit, par exemple à Marioupol.
L’ambassadeur suisse avait suivi le débat sur Twitter et l’avait pris très au sérieux, rapporte le quotidien alémanique. Deux jours après le message du blogueur ukrainien, il a pris la décision d’escamoter le drapeau. Il avait été enroulé et n’était donc plus visible depuis les airs.
«Plus personne ne se fait d’illusions sur le respect par les Russes de la Croix-Rouge ou de l’immunité des ambassades», avait alors commenté Ilya Novikov.
Après trois mois d’absence, l’ambassadeur Claude Wild et sa petite équipe sont désormais de retour à Kiev. Malgré un couvre-feu à 23 heures et de régulières alarmes antiaériennes, la vie a repris son cours dans la capitale ukrainienne. Et à l’ambassade suisse, le drapeau enroulé a été retiré du toit. Un autre flotte et a toujours flotté sur un mât, devant le bâtiment. Mais ce dernier n’est pas vraiment visible depuis le ciel.