Equateur: La famille du candidat tué porte plainte contre le gouvernement

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ÉquateurLa famille du candidat tué porte plainte contre le gouvernement

La famille de Fernando Villavicencio reproche aux pouvoirs publics de n’avoir pas garanti sa protection. Elle a donc décidé de faire appel à la justice vendredi.

Des membres de la famille de Fernando Villavicencio et leur avocat lors d’une conférence de presse à Quito le 18 août 2023.

Des membres de la famille de Fernando Villavicencio et leur avocat lors d’une conférence de presse à Quito le 18 août 2023.

AFP

La famille du candidat à la présidence assassiné le 9 août en Équateur a porté plainte contre le gouvernement et les chefs de la police pour «meurtre par omission volontaire», estimant que les pouvoirs publics n’ont pas garanti sa protection, a indiqué vendredi leur avocat.

Selon Me Marco Yaulema, l’ancien journaliste et candidat centriste Fernando Villavicencio avait été menacé à plusieurs reprises par des criminels, et aurait dû pour cette raison bénéficier d’un dispositif de sécurité renforcée.

Le 9 août Fernando Villavicencio, 59 ans, alors en deuxième position dans les sondages, a été abattu par un commando de tueurs à gages colombiens alors qu’il quittait un rassemblement de campagne à Quito. Six Colombiens au lourd passé criminel ont été interpellés, et un septième a été tué par les gardes du corps de la victime. Fernando Villavicencio «était menacé par les mafias et tout le monde le savait, tout l’État le savait», a affirmé l’avocat lors d’une conférence de presse.

Sécurité défaillante

Selon Me Yaulema, la sécurité rapprochée du candidat, assurée par des policiers, a été défaillante. Une vidéo montre la victime montant du côté droit d’un véhicule non blindé. Posté de l’autre côté de la voiture, un homme lui a tiré deux balles dans le visage et une dans la boîte crânienne, a expliqué Me Yaulema.

L’assassin a tenté de s’enfuir avant d’être abattu par les gardes du corps. Selon la famille, Fernando Villavicencio n’avait pas assez de gardes du corps et le conducteur du véhicule n’était pas au volant. Me Yaulema a imputé ce manque de protection au président Guillermo Lasso, au ministre de l’intérieur Juan Zapata, au commandant de la police, le général Fausto Salinas, et au chef des services de renseignement, Manuel Samaniego.

«Il n’y avait aucune véritable sécurité», a insisté Me Yaulema, accompagné de la sœur de Fernando Villavicencio, d’un oncle et de sa fille aînée. «Nous disons que l’État équatorien n’a pas garanti la vie d’un candidat à la présidence de la République». Il a rappelé que la victime était l’auteur de plus de 200 enquêtes journalistiques et avait publié 11 livres, révélant de très nombreux scandales de corruption.

Le camp Correa mis en cause

Dans un communiqué, le ministère des Affaires gouvernementales a exprimé son «rejet total des allégations formulées» et a demandé que l’affaire ne soit pas «politisée» afin que «les enquêtes puissent avancer».

Fernando Villavicencio, devenu député, était aussi un farouche opposant de l’ex-président Rafael Correa, qu’il avait envoyé sur le banc des accusés grâce à l’une de ses enquêtes. Réfugié en Belgique, l’ancien président a été condamné par contumace à huit ans de prison dans cette affaire.

La veuve de Fernando Villavicencio et ses proches ont directement mis en cause – mais sans présenter de preuve – le camp Correa, l’accusant d’avoir eu connaissance du meurtre et de «liens avec des bandes criminelles». Le remplaçant de Villavicencio au scrutin présidentiel de dimanche, Christian Zurita, lui aussi journaliste, a déclaré jeudi soupçonner «la criminalité transnationale» d’être à l’origine de l’assassinat.

Avant sa mort, le candidat Villavicencio avait déclaré avoir été menacé par un dangereux chef de gang actuellement emprisonné, alias «Fito». Son groupe, «Los Choneros», est réputé être lié au cartel mexicain de Sinaloa et à des dissidents de la guérilla colombienne des FARC opérant à la frontière entre les deux pays.

(AFP)

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