BerneLa Suisse doit mieux défendre les droits humains en Chine
La motion demandant la «promotion des droits de l’homme en Chine» a été acceptée mardi par la gauche et le Centre du Conseil national. Au grand dam de la droite et d’Ignazio Cassis, qui estime que la Suisse fait déjà ce qu’il faut.
- par
- Eric Felley
La question des droits de l’homme est très sensible dans les relations qu’entretiennent les pays occidentaux avec la Chine. La Suisse, qui a signé un accord de libre-échange avec Pékin en 2013, ne fait pas exception. Ce mardi, le Conseil national devait débattre d’une motion de sa Commission de politique extérieure (CPE) qui demande que dans toutes ses relations avec la Chine, les autorités fédérales placent la question des droits de l’homme comme incontournable, pour ne pas dire prioritaire.
«Ne plus esquiver la question»
Membre de la CPE, le genevois Nicolas Walder (GE/Verts) a défendu cette proposition en relevant que «depuis des années la situation des droits humains en Chine se dégrade». Il a évoqué les «exactions contre les minorités», voire «des crimes contre l’humanité (…), au point que les violations massives et répétées du droit international par le gouvernement chinois pourraient, au vu de son influence, aller jusqu’à remettre en question l’ordre libéral sur lequel notre monde est aujourd’hui organisé…» Pour lui, l’attitude de la Suisse est trop timide et pas assez transparente dans ses intentions: «Les questions relatives aux droits de l’homme ne peuvent plus se cantonner à des réunions épisodiques à huis clos et sans effet. Elles doivent être ouvertement abordées et l’amélioration de la situation des droits humains en Chine doit faire partie des objectifs officiels revendiqués par notre pays».
Pas de «bashing anti-Chine»
Le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR/TH) s’est fait le porte-parole de la minorité de la commission opposée à la motion. Selon lui, «la Suisse a une relation unique au monde avec la Chine» Il a souligné qu’à l’heure actuelle, le Conseil fédéral avait déjà «une stratégie très critique dans sa manière de faire et qu’il a été critiqué pour cela. Sur les droits humains, le Conseil fédéral avance en permanence». Dans ce contexte, il pose la question: «Pourquoi introduire de nouveaux écueils, rendre la relation plus difficile?» Il a déploré enfin une forme de «bashing anti-Chine qui n’est pas constructif. La Chine est un pays leader. La Suisse a intérêt à avancer avec elle».
«Dans la mesure du possible…»
Pour Ignazio Cassis également, la stratégie de la Suisse, fixée dans un document pour les années 2021-2024, aborde en permanence les questions relatives aux droits de l’homme. Mais ce dialogue est un élément parmi d’autres et il le conditionne à un «dans la mesure du possible…» Il ajoute, en bon diplomate, que les experts fédéraux s’engagent pour cette cause, tout en précisant que cela «dépend de la situation et de l’impact souhaité». En fin de compte, comme Hans-Peter Portmann, il estime que «les demandes de cette motion sont déjà réalisées»
Au vote, la majorité du Conseil national en a décidé autrement. La motion a été acceptée par 106 voix contre 81. Les groupes du Centre, du PS, des Verts et des Verts libéraux ont soutenu en bloc, contre les groupes UDC et PLR.