Hockey sur glaceJan Cadieux: «Les prochains jours vont faire très mal»
L’entraîneur de GE Servette, dont la saison s’est terminée dimanche en queue de poisson à Lugano, revient sur une très cruelle désillusion.
- par
- Simon Meier Lugano
Les tifosi bianconeri célèbrent la qualification pour les play-off et Chris McSorley fait son numéro, tout heureux du tour pendable infligé à son ex-employeur. A quelques mètres de là, la porte du vestiaire genevois reste close. Comment digérer une telle désillusion en quelques minutes? Impossible, à voir les mines dévastées. La saison des Aigles, battus dimanche soir au Tessin (4-3 ap) après avoir perdu le premier acte vendredi aux Vernets (1-2), s’est terminée prématurément, abruptement.
«C’est la merde, résume Tanner Richard, auteur du 3-3 qui a permis d’arracher la vaine prolongation à la 53e. Quand il y a deux matches et que tu les perds les deux, c’est que tu n’as pas été assez bon. Oui, on a fait des efforts ce soir, oui, on a montré du cœur. Mais on a perdu, donc qui s’en soucie? On peut dire ce qu’on veut, il n’y a pas d’excuse. Quand on regarde les joueurs qu’il y a dans ce vestiaire, ce que nous avons fourni n’est pas suffisant. Ce soir, on s’est battu, on a mis nos couilles sur la glace, mais ça n’était pas assez. A partir de là, quoi qu’on dise, c’est des conneries. A la fin, on n’a pas fait le job et ça fait mal.»
Maintenant que le film est terminé, la saison des regrets commence. «On peut évidemment reparler des points que nous avons récemment perdus à Ajoie et contre Lausanne, reprend Tanner Richard. Mais en même temps, on a foiré les 23 premiers matches de la saison. Et si nous avions fait le boulot plus tôt, plus régulièrement, nous serions en train de préparer un quart de finale.»
Au lieu de cela, il faut songer à une douloureuse introspection. Où, comment et pourquoi GE Servette a-t-il manqué le coche? Doit-il davantage s’en vouloir pour son début de saison catastrophique ou pour ses hoquets dans la dernière ligne droite? Les deux, évidemment. Mais comment oublier qu’entre fin novembre et mi-mars, les Aigles ont été l’équipe à engranger le plus de points en National League? La course au top 6, longue, intense et finalement vaine, a manifestement débouché sur une décompression au plus mauvais moment.
«C’est difficile à dire, on verra ce qui ressortira des discussions à l’interne, lâche l’entraîneur Jan Cadieux. Quelque chose s’est-il cassé, sur le plan physique ou mental, même inconsciemment? Peut-être… C’est la deuxième saison avec ces pré-play-off et on constate que pour le 7e et le 8e de la saison régulière, c’est très compliqué de se remobiliser. Mais on ne va pas se cacher derrière le mode de championnat, on connaissait la donne depuis le début de la saison.»
«Revenir plus fort»
Pas d’excuses, donc. Juste des explications. Et des résolutions en vue d’un avenir meilleur. «La grande leçon de tout ça, c’est qu’il faudra être prêt pour le premier week-end de septembre et prendre des points quand ils sont faciles à prendre, ressasse Tanner Richard. Chacun d’entre nous doit rentrer chez lui, faire ses devoirs et revenir meilleur. On apprend toujours davantage dans la défaite que dans la victoire. Mais en même temps, j’aurais vraiment préféré en apprendre moins et gagner cette série. Il y avait une très belle histoire à écrire et nous ne l’avons pas fait.»
Cette belle histoire, Jan Cadieux l’avait aussi en tête. Elle ne fait que renforcer la gueule de bois. «Les quatre ou cinq prochains jours vont faire très mal, se prépare le coach, qui vient de boucler sa première série en tant qu’entraîneur principal. Après, il faudra comprendre, analyser les erreurs commises et revenir plus fort. C’est la seule chose qu’on peut et qu’on doit faire. Je reste convaincu qu’il y a du potentiel et un bon groupe.» Dimanche soir, ce dernier était à peu près détruit.