États-UnisDans le Michigan, Biden inquiété par un vote sanction sur Gaza
Le président américain a remporté mardi la primaire démocrate du Michigan, malgré le vote contestataire de la communauté musulmane de cet État
Joe Biden a remporté mardi la primaire démocrate du Michigan, mais est sous la menace d’un vote sanction pour son soutien à Israël dans cet État à forte population musulmane et arabe.
Le résultat pourrait être de mauvais augure pour les chances de réélection du président américain, qui avait remporté cet État sur le fil face à Donald Trump il y a quatre ans.
Selon de premières estimations, plus de 20’000 votes «non engagés», l’équivalent d’un vote blanc, ont été déposés dans l’urne lors de la primaire démocrate de cet Etat, répondant à un appel à faire pression sur le président américain pour qu’il appelle à un cessez-le-feu immédiat et cesse son soutien à Israël.
«Écoutez le Michigan»
Des militants de cette région clé du Midwest avaient lancé la campagne «Listen to Michigan» (Écoutez le Michigan), pour délivrer un «message puissant et sans équivoque» selon lequel le financement et le soutien de la guerre à Gaza sont «en contradiction avec les valeurs du Parti démocrate».
«Le président Biden finance les bombes qui tombent sur des proches de familles vivant ici même dans le Michigan, des gens qui ont voté pour lui et qui se sentent complètement trahis», a expliqué Layla Elabed, une responsable du groupe.
À mesure que le nombre de victimes civiles augmente dans le conflit entre Israël et le Hamas, Joe Biden a vu son soutien s’éroder significativement parmi les musulmans et les Américains d’origine arabe, un bloc qui lui avait été crucial en 2020 face à Donald Trump dans le Michigan. Le dirigeant démocrate n’avait remporté cet État du nord du pays que de 150’000 voix il y a quatre ans.
Les responsables de la Maison-Blanche affichent une frustration croissante avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et sa conduite de la guerre à Gaza. Pour autant, les États-Unis continuent de livrer quantité d’armes à Israël, tout en menant d’intenses efforts pour négocier une seconde trêve dans la guerre provoquée par l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.
Objectif dépassé
Joe Biden a demandé au Congrès des milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour Israël, et son gouvernement a opposé son veto à l’ONU à plusieurs résolutions appelant au cessez-le-feu.
Le groupe «Listen to Michigan» voulait mobiliser au moins 10’000 électeurs pour sa campagne, un chiffre pas que symbolique, affirment les militants. Un objectif déjà largement dépassé. «Notre mouvement a été victorieux ce soir et a largement dépassé nos attentes», a-t-il souligné dans un communiqué.
Une campagne similaire exigeant un cessez-le-feu lors des primaires dans le New Hampshire en janvier n’avait rien donné. «J’ai été fière aujourd’hui (...) de voter blanc», a dit Rashida Tlaib, élue du Michigan au Congrès américain et d’origine palestinienne. «C’est ainsi que nous pouvons utiliser notre démocratie pour dire +écoutez le Michigan+. Écoutez les familles qui ont été directement touchées, mais écoutez également la majorité des Américains qui disent +Assez+. Assez de guerres, assez d’utiliser nos dollars pour financer un génocide», a-t-elle ajouté.
Fatima Elzaghir a aussi voté blanc à ce scrutin, a-t-elle confié mardi à l’AFP. «Il est évident qu’en appeler à l’empathie n’a pas d’influence sur la plupart des hommes politiques. Alors peut-être le fait que (Biden) veuille remporter le Michigan le poussera-t-il à un cessez-le-feu», a déclaré cette jeune infirmière.
Donald Trump en bonne voie
Le seul réel adversaire de Joe Biden pour l’investiture démocrate, Dean Phillips, un riche parlementaire de l’État du Minnesota, n’a récolté que 2,7% des votes, selon des premières estimations.
Côté républicain, Donald Trump a déjà remporté haut la main quatre États ayant voté, dont la Caroline du Sud samedi, et le Michigan n’a, pour l’heure, pas interrompu sa marche vers l’investiture républicaine cet été. Pour ses primaires, le Parti républicain a opté pour un système hybride complexe qui se conclura quatre jours plus tard.
Sa seule adversaire encore en lice, l’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley, a perdu dans son État d’origine, la Caroline du Sud, mais elle refuse d’abandonner, affirmant ne pas croire que Donald Trump puisse vaincre Joe Biden en novembre.