Football: A Saint-Gall, Servette sait ce qui l’attend. Bedia aussi

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FootballÀ Saint-Gall, Servette sait ce qui l’attend. Bedia aussi

Double buteur contre Sion, l’attaquant grenat parle de son rôle avant d’affronter les Brodeurs ce samedi soir (20 h 30).

Daniel Visentini
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Daniel Visentini
La «Madjer» de Chris Bedia contre Sion la semaine passée pour le 1-0: le grain de folie dont Servette a besoin.

La «Madjer» de Chris Bedia contre Sion la semaine passée pour le 1-0: le grain de folie dont Servette a besoin.

BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO

Les deux séquences racontent un potentiel, des aptitudes, des promesses. Privé de Chris Bedia depuis le mois d’août (fracture d’un métatarse), Servette a mesuré le vide laissé devant, à la pointe de l’attaque. Dimanche dernier, le buteur était de retour et il a assumé: deux réussites, les deux dans un registre différent. Au-delà de cette victoire qui a incroyablement échappé aux Grenat contre Sion, il y avait enfin un buteur sur le terrain au Servette FC.

On va être clair: Chris Bedia ne va pas inscrire deux buts à chaque match, il doit déjà pleinement retrouver le rythme et s’installer plus encore dans son rôle. Mais on a vu le week-end dernier, deux mouvements différents sur ses deux réussites.

La connexion capitale

Le premier, c’est l’entente avec Micha Stevanovic. C’est intéressant d’être «connecté» avec l’un des meilleurs passeurs du monde. Si celui-ci s’y entend comme personne pour prendre l’information, il faut aussi que l’attaquant lui en envoie une. Autrement dit: qu’il propose une intention, compatible avec les possibilités du passeur. Avec Stevanovic, elles sont grandes et c’est un avantage à exploiter.

Le premier but contre Sion, c’est ça: Stevanovic qui file sur la droite, qui lève la tête, prend l’information. En l’occurrence: Bedia qui s’offre au premier poteau, avec une course qui lui permet de prendre un peu d’avance sur son adversaire. Le reste, c’est le talent, le coup de folie nécessaire: une «Madjer» pour conclure.

Là, il y a une connexion passeur-buteur qu’il faudra entretenir, déjà à Saint-Gall ce samedi soir, par exemple. Il y a aussi une qualité technique, une prise de risque sur le geste et surtout une présence où il le faut, quand il le faut. La première promesse est là.

Puissance et percussion

Le second but, c’est autre chose, mais pareillement intéressant. Là, pas de connexion avec un autre Servettien, mais de l’opportunisme. Une passe médiocre de Cavaré qu’il exploite, avant d’enrhumer le même Cavaré. Ici, il y a un autre Bedia: une puissance en mouvement, une percussion, une verticalité et un sens de la finition (tir croisé parfait) qui a fait défaut à Servette trop souvent. Il y a surtout un attaquant qui utilise son potentiel physique, qui fait mal au défenseur, dans le bon sens du terme.

«Je crois que quand les défenseurs adverses me voient, du haut de mes 192 centimètres, ils sous-estiment ma vitesse.»

Chris Bedia, attaquant du Servette FC.

«Je fais 192 centimètres, sourit Chris Bedia. Je dois être fort dans les duels. Je sais aussi que si je suis trop souvent dos au but, je facilite la tâche des défenseurs. Donc je dois aussi penser à me retourner pour prendre la profondeur ou pour être face à mon adversaire. Je peux jouer en appui, si nécessaire, mais je dois aussi faire face et tenter d’en profiter. D’autant plus que j’ai un avantage…»

Le 2-0 de Bedia face à Sion: il vient d’enrhumer Cavaré en percussion et Araz arrive trop tard, le tir croisé finira dans le petit filet de la cage sédunoise.

Le 2-0 de Bedia face à Sion: il vient d’enrhumer Cavaré en percussion et Araz arrive trop tard, le tir croisé finira dans le petit filet de la cage sédunoise.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

Un avantage? «Je crois que quand les défenseurs adverses me voient, du haut de mes 192 centimètres, ils sous-estiment ma vitesse.» Un faux lent, ou un vrai rapide qui trompe son monde: un argument de plus pour Bedia.

Le regard de Geiger sur Bedia

Toutes ces aptitudes n’ont pas échappé à Alain Geiger. L’entraîneur de Servette a retrouvé son buteur avec soulagement. Il peut aussi compter sur Enzo Crivelli, lui aussi de retour, un autre profil. Concernant Bedia, il l’encourage dans ses élans.

«Dès qu’il avance, il est difficile à arrêter.»

Alain Geiger qui parle de Chris Bedia.

«Chris a bossé dur pour revenir en forme après sa blessure, explique Geiger. Il a un profil très intéressant pour nous. Je lui dis souvent d’aller vers le but, de chercher la confrontation. Il aime le un contre un, on a vu ce que cela pouvait faire contre Cavaré, il lui a même glissé la balle entre les cannes avant de marquer. Chris, comme tout le monde d’ailleurs, est plus dangereux en mouvement que statique. Dès qu’il avance, il est difficile à arrêter.»

C’est vrai. Mais contre Sion, la faiblesse de l’arrière-garde valaisanne a facilité ces moments de grâce. À Saint-Gall, ce sera une autre musique. Tactiquement déjà: le Sion amorphe et attentiste n’a rien à voir avec le Saint-Gall proactif, dans l’intensité et le pressing.

Des adaptations au programme? Servette sait ce qui l’attend. Bedia aussi. «Il faudra jouer plus vite, assure le buteur. Il faudra se montrer plus malin face au pressing, pour prendre Saint-Gall à revers, dans son dos.»

Vitesse et justesse requises

C’est le plan, comme toujours contre les Brodeurs: déjouer leur pressing, jouer vite, mais surtout jouer juste, pour casser la première ligne adverse qui monte haut et trouver les espaces derrière, ensuite. C’est ce que les Servettiens ont réussi à faire lors du premier déplacement de la saison au kybunpark (fin octobre): ils menaient 1-0 à la pause, ils auraient dû avoir au moins deux longueurs d’avance. Ils avaient ensuite trop subi et concédé le nul 1-1 (autogoal de Pflücke).

«À nous de prendre les bonnes décisions pour sortir le ballon, rapidement, en utilisant la largeur, mais aussi la profondeur.»

Alain Geiger, avant le match à Saint-Gall.

«Nous savons le rythme que va vouloir nous imposer Saint-Gall, dit Geiger. À nous de prendre les bonnes décisions pour sortir le ballon, rapidement, en utilisant la largeur, mais aussi la profondeur. Nous avons travaillé tout cela, avec l’idée de contourner le pressing et de trouver des solutions verticales de l’autre côté, où les espaces s’ouvrent. Il faudra être prêt mentalement à le faire, dans l’intensité et sous pression.»

Les Servettiens ont entendu le message. Chris Bedia aussi. Au fait: il revient de blessure, il marque deux buts, il est donc déjà à 100%? Vrai? «Moi, tout ce que je sais, c’est que je suis prêt pour jouer, rigole-t-il. Et que ce n’est qu’en jouant qu’on est à 100%!»

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