DiplomatieMacron achève sa visite controversée en Algérie
Après des mois de crise diplomatique, les présidents français et algérien ont annoncé une nouvelle dynamique dans la relation entre les deux pays.
Emmanuel Macron termine samedi une visite de trois jours en Algérie. Avant de quitter Alger, le président français a rencontré des jeunes entrepreneurs et du milieu associatif qui l’ont interpellé sur les problèmes de visas, le recul du français en Algérie et le contentieux mémoriel entre les deux pays.
L’Algérie a été colonisée pendant 132 ans par la France avant d’obtenir son indépendance en 1962, au terme de huit ans d’une guerre sanglante. Après des mois de crise diplomatique, liée à ce passé toujours douloureux, les présidents français et algérien Abdelmadjid Tebboune ont annoncé dès le premier jour de la visite de Macron jeudi une nouvelle dynamique dans la relation entre les deux pays. Ils la scelleront par la signature solennelle d’une déclaration commune, étape ajoutée à la dernière minute au programme du président Macron. Il s’agira, selon l’Élysée, d’un «partenariat renouvelé, concret et ambitieux».
Avec l’Algérie, c’est «une histoire qui n’a jamais été simple. Mais qui est et restera, parce que nous le voulons, une histoire de respect, d’amitié et, oserais-je le dire, d’amour», a lancé vendredi Macron. Il a décrit un partenariat élaboré «dans l’enthousiasme du moment», lors de multiples entrevues jeudi et vendredi avec Tebboune et ses ministres. Le président français a d’ores et déjà annoncé l’acceptation de 8000 étudiants algériens de plus cette année en France, qui rejoindront un contingent annuel de 30’000 jeunes.
«Mémoires blessées»
Il s’agira de lutter contre l’immigration clandestine mais tout en assouplissant les procédures pour «les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et politiques qui nourrissent la relation bilatérale». Une commission mixte d’historiens français et algériens va aussi être créée pour «regarder» en face l’ensemble de la période de la colonisation, «sans tabou», a annoncé Macron.
De la gauche à l’extrême droite française, des responsables politiques ont été outrés par les propos du président ou par l’annonce de la création de la commission, signe que les plaies peinent à se refermer dans la société française.
En 2017, Emmanuel Macron disait «la colonisation est 1 crime contre l’Humanité», a tweeté le patron des socialistes, Olivier Faure. Mais «en 2021 il s’interrogeait sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation. La légèreté du traitement du PR insulte les mémoires blessées».
Pour le député du Rassemblement national, Thomas Ménagé, «le président s’est couché» en annonçant la commission mixte, et l’Algérie doit arrêter «d’utiliser ce passé pour ne pas être dans de vraies relations diplomatiques et d’amitié.»
À Alger non plus, la visite ne faisait pas l’unanimité. Beaucoup d’Algériens attendent des excuses en bonne et due forme de la part de Macron pour la colonisation et pour ses propos de l’automne 2021, doutant de l’existence d’une nation algérienne avant le débarquement de l’armée française en juin 1830. «L’histoire ne peut pas s’écrire avec des mensonges (…) l’un des plus gros mensonges est de dire que l’Algérie a été créée par la France? On attendait que cette grossière contre-vérité soit effacée par Macron lors de cette visite», a affirmé «Le Soir d’Algérie» paru samedi.