FootballUn Samir Nasri en roue libre se livre sur sa carrière
L’ancien footballeur s’est entretenu avec le streameur Zack Nani. Il est revenu sur son poids, ses rêves, ou encore sur sa mise à l’écart de l’équipe de France.
- par
- Rebecca Garcia
L’émission se nomme «Zack en roue libre», et Samir Nasri a parfaitement joué le jeu. Le milieu de terrain originaire de Marseille s’est livré sans aucune retenue, mardi dernier. La discussion a duré près de trois heures. Il fallait au moins cela pour évoquer son premier contrat à Marseille, le match raté d’Arsenal face au Barça en Ligue des champions, son poids, Guardiola ou encore l’équipe de France. Compilation express.
150 000 francs à 13 ans
«Un recruteur de l’OM était venu me voir jouer. On gagne 3-0, j’ai mis trois buts. Ils sont venus chez moi et ont dit à mes parents qu’ils voulaient me prendre. Ils m’ont demandé de participer à un tournoi en Italie avec eux, avec des joueurs nés en 85 et 86 - j’étais le plus jeune. J’ai été élu meilleur joueur du tournoi, donc ils sont revenus chez moi, nous ont dit qu’il fallait que je signe chez eux. On a trouvé un arrangement. À 12 ans, ils m’ont mis un chauffeur à disposition tout le temps, il venait me chercher au collègue. À 13 ans, âge limite pour rentrer au centre de formation, j’ai signé un premier contrat. C’était une charte, ils me payaient tous les mois. Ils ont donné une prime à la signature pour que mon père s’achète une voiture, et moi j’ai eu 150 000 francs.»
Redevable envers l’OM
«Au centre de formation, j’étais le chouchou depuis le début. J’avais du talent, et les membres du staff m’ont fait me sentir bien, m’ont protégé, m’ont aidé. Je pouvais signer à Arsenal en tant que joueur libre mais pour moi c’était impossible. Marseille c’est ma ville, c’est mon club, j’ai été formé là-bas… je ne pouvais pas partir pour zéro. J’étais obligé de prolonger, de faire gagner une indemnité à mon club. Mon agent de l’époque m’avait dit: «vas-y, tu t’en fiches.» Mais non, après je ne peux pas me regarder dans une glace.»
Arsenal plutôt que le Real ou le Barça
«À la base, la Premier League n’est pas forcément le championnat qui m’attire le plus. J’ai commencé à le regarder avec les Frenchies. Avec Arsène Wenger, on se rencontre à Paris pendant la saison. Il me fait part de ses plans, de la manière dont il veut jouer. Pour moi, c’est une étape parfaite avant un top club. Arsenal fait jouer les jeunes, se bat dans la course au titre et figure dans le dernier carré de Ligue des champions. Cela permet de passer un cap sans faire le grand saut. J’avais le Real, j’avais le Barça qui s’intéressait à moi, mais eux, ce sont des machines à laver.»
Craquage contre Manchester United
«En championnat, on les bat 2-1 à domicile. En Ligue des champions, on perd 1-0 à Old Trafford, à cause d’une glissade de notre latéral gauche. Au retour, on se dit qu’on peut aller en finale, qu’on les a déjà battus. C’est la première fois que j’ai vu cette ambiance de folie à l’Emirates Stadium. Quand tu entres sur le terrain avec des frissons, tu sais que tu peux faire un grand match. On s’est chi*** dessus. On est tombés contre un grand Cristiano Ronaldo.»
L’équipe de France? Je t’aime, moi non plus
«J’étais en vacances à Los Angeles quand l’entraîneur m’a appelé pour les matches de qualification pour l’Euro 2014. J’ai dit que j’étais blessé. Il m’a dit d’essayer de faire une séance et de lui redire. Pas de problème! Je me suis allongé au bord de la piscine et j’ai bronzé. Une heure et demie plus tard, il me rappelle et je lui ai dit que j’avais trop mal au genou. Après, j’ai disputé les matches en Géorgie, en Biélorussie. J’ai joué l’Australie au Parc des Princes. Puis on perd le match aller contre l’Ukraine, où j’étais titulaire. À partir de là, c’était fini. Plusieurs versions sont sorties. Certains parlent de plaintes sur mon comportement là-bas. [Une défaite] ce n’était pas la fin du monde pour moi. Je ne vais pas m’arrêter de vivre car on a perdu un match. Même si on ne se qualifie pas pour une Coupe du monde. Tu es en bonne santé, ta famille va bien… ça reste du football.»
Pep Guardiola, le fou raisonné rejoint City
«Pep Guardiola arrive et me demande ce que je veux faire. Il m’a dit: «j’aurai droit à quel Nasri? Le concentré ou celui qui s’en fout?» Je lui ai dit que je n’ai pas joué pendant 6 mois, j’ai la dalle. Il m’a dit: «OK, c’est ce Nasri-là que je veux.» Je vais au 1er entraînement, tout va bien et il me fait des éloges. Le lendemain, il me convoque dans son bureau et me crie dessus comme à un enfant. Il me dit que mon poids ne va pas. Je venais de revenir de vacances, j’étais arrivé à 80 kilos alors que mon poids de forme est 77 kilos. En plus, quand Guardiola est arrivé, il a demandé à tous les joueurs de perdre un kilo de plus que leur poids de forme. Il avait instauré une règle: si tu fais plus de 2 kilos que l’objectif, tu ne t’entraînes pas avec l’équipe.»
«Quand j’y suis arrivé… il n’avait pas tort (rires). À l’entraînement, je volais. Ce mec-là, dans sa façon de travailler, de préparer des séances d’1h15 à haute intensité - même quand tu bois de l’eau tu ne marches pas, tu trottines - la conservation de balle, les exercices, le travail physique avec un ballon: tu es prêt. Cet entraîneur, c’est un crack. Il m’a dit une fois: «tu crois qu’un Ronaldinho, un Eto’o, un Ibrahimovic, j’aurais fait des réunions pour qu’ils restent? Je les ai virés. Toi, si je te fais des réunions, c’est qu’il faut que tu restes.» C’est peut-être la seule fois dans ma carrière où je me suis dit que mince, j’aurais dû rester. Mais non, parce que ça m’a permis de rencontrer Sampaoli.»