Sœur Marie-Thérèse boit, fume et cogne désormais sur scène

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CanoniséeSœur Marie-Thérèse boit, fume et cogne désormais sur scène

La nonne la plus trash de la bande-dessinée est incarnée par le comédien Gabriel Dermidjian dans un spectacle qui sera joué à Riddes (VS) vendredi 7 avril.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger

Elle boit, elle fume des pétards, elle cogne, elle aime faire des galipettes, sœur Marie-Thérèse des Batignolles est tout sauf une sainte. Il a fallu pourtant un petit miracle pour que ce personnage de BD culte se retrouve en chair et en os dans un seul en scène qui sera présenté le vendredi 7 avril à Riddes (VS), à L’Abeille.

C’est le Français Gabriel Dermidjian qui incarne la religieuse au caractère bien trempé apparue pour la première fois en 1982 sous le crayon de Maëster dans le magazine «Fluide Glacial». Un jour, le dessinateur Michel Rodrigue parle du comédien, qu’il a vu à l’action, à son ami Maëster, lui faisant remarquer qu’avec ses 130 kilos il lui fait penser à sœur Marie-Thérèse. La rencontre est organisée et l’idée jaillit: la nonne trash va se faire canoniser au Vatican dans un spectacle. L’humoriste Pierre-Emmanuel Barré fait la mise en scène, la chanteuse Giedré une «jolie» ballade, et il n’y a plus qu’à diffuser la bonne parole.

Pour l’instant, une vingtaine de dates de «Sœur Marie-Thérèse: le spectacle» ont eu lieu, l’accent sera avant tout mis sur 2024, nous confie Gabriel Dermidjian, joint mardi par téléphone.

Comment avez-vous découvert sœur Marie-Thérèse des Batignolles?

Avec «Fluide Glacial». Elle était souvent en couverture. Puis j’ai acheté les BD, et je ne pouvais pas imaginer que je l’interpréterais un jour. (Rires.) Elle me plaisait parce qu’elle est corpulente comme moi, un peu bikeuse aussi. J’aimais son côté sans filtre sur la religion, le fait qu’elle tape dans l’herbe et l’alcool. C’était impensable qu’une bonne sœur agisse de cette façon.

N’oublions pas ses galipettes…

Oui! Avec son Jésus d’amour, le jardinier portugais du couvent. D’ailleurs, Jésus apparaît dans le spectacle. Au niveau sonore, puisque je fais un seul en scène. Les aficionados éclatent de rire en reconnaissant son accent. Le spectacle est une histoire originale, mais évidemment il y a des clins d’œil à la BD. On a vraiment soigné le costume, la robe, les collants en résilles, les rangers. Sa poitrine a été moulée, ses fesses aussi. Visuellement, il fallait que ça frappe fort.

Qu’est-ce que ça vous fait d’entrer dans son habit de religieuse?

Je suis à l’aise. Je me rase le bouc mais je ne change pas ma voix. Comme j’ai un parler assez gaulois, on a fait ce choix. Et j’ai aimé dès le début que ce soit un homme qui défende les droits des femmes. Encore aujourd’hui, une sœur n’a pas le droit de donner la messe. Il est question de viol, de harcèlement, alors Marie-Thérèse s’en prend «aux gros lards en soutane». Pour autant, le spectacle n’est pas ciblé sur la religion, on parle aussi de la retraite, des migrants ou des Harley-Davidson qui vont devenir électriques.

Vous avez évoqué la voix de Jésus, y en a-t-il d’autres qu’on entend dans le spectacle?

Oui, la voix de la mère supérieure, celle qui doit annoncer à contrecœur que Marie-Thérèse va être canonisée. C’est Blanche Gardin. On a Terminator aussi. Et comme je suis quelqu’un qui ose tout, j’ai voulu sa voix française, Daniel Beretta, et je l’ai eue. Tout ça donne de la couleur et du rythme.

Est-ce que ce spectacle pourrait nourrir un prochain album BD de sœur Marie-Thérèse?

Il n’y aura pas de prochain. Maëster a fait un AVC, il ne dessine plus comme avant. C’est Solé qui a terminé son 7e album (ndlr.: paru fin 2019), j’ai écrit le prologue. Mais Maëster est très impliqué dans le seul en scène. Et il aime dire que le 8e volume de sœur Marie-Thérèse des Batignolles, c’est ce spectacle.

«Sœur Marie-Thérèse - Le spectacle», vendredi 7 avril à 20 h 30 (portes: 19 h), L’Abeille, Riddes (VS). Infos et réservations: Riddes Arts & Culture

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