GabonLe président déchu Ali Bongo «libre de se rendre à l’étranger»
Ali Bongo, président déchu du Gabon, pourra se rendre à l’étranger a annoncé le général Brice Oligui Nguema qui a pris la tête du pays il y a une semaine.
Le président déchu du Gabon, Ali Bongo Ondimba, est «libre de ses mouvements» et «peut se rendre, s’il le souhaite, à l’étranger» pour raisons médicales, a annoncé mercredi le général Brice Oligui Nguema qui l’a renversé il y a une semaine.
Ali Bongo, 64 ans, au pouvoir depuis 14 ans, était en résidence surveillée depuis le coup d’État militaire du 30 août, mené sans effusion de sang moins d’une heure après que son camp eut proclamé sa réélection dans un scrutin qualifié de frauduleux par les putschistes.
Le pouvoir du nouvel homme fort du Gabon accuse aussi l’entourage familial, notamment son épouse et l’un de ses fils tous deux en détention, ainsi que des membres de son cabinet d’avoir détourné «massivement des deniers publics» et dirigé le pays de «manière irresponsable et imprévisible» en manipulant, notamment en «falsifiant» sa signature, un Ali Bongo affaibli par un grave AVC en 2018.
Contrôles médicaux
«Compte tenu de son état de santé, l’ancien président de la République Ali Bongo Ondimba est libre de ses mouvements. Il peut, s’il le souhaite, se rendre à l’étranger afin d’y effectuer ses contrôles médicaux», a annoncé à l’antenne de la télévision d’État le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi en lisant un communiqué «signé» par le général Oligui, qui a mené le putsch et prêté lundi serment en tant que président de transition. Son AVC a laissé Ali Bongo diminué physiquement, la jambe et le bras droits notamment se mouvant avec difficultés. En 2018, il avait disparu durant de longs mois en convalescence puis en rééducation au Royaume-Uni et au Maroc notamment.
Le 30 août, en plein couvre-feu décrété le jour du scrutin, et au milieu de la nuit et après que son gouvernement eut coupé internet dans tout le pays, l’organe en charge du scrutin du 26 août l’avait proclamé réélu avec près de 65% des voix. Moins d’une heure plus tard, des militaires annonçaient à la télévision d’État avoir «mis fin» à son régime. Un coup d’État mené sans effusion de sang, les militaires accusant le camp Bongo d’avoir grossièrement truqué le scrutin et falsifié ses résultats.
Le putsch a été mené par le général Oligui, qui a rassemblé derrière lui tous les corps de l’armée et de la police, et suscité le ralliement de la quasi-totalité des partis de l’ancienne opposition et d’une partie de l’ex-majorité ainsi qu’un élan massif d’une population le remerciant de l’avoir «libérée» de 55 ans de «dynastie Bongo» au pouvoir. Ce parachutiste de 48 ans, pourtant chef de la puissante et redoutée Garde présidentielle (GR), la garde prétorienne chargée de protéger le cœur du pouvoir, a prêté serment lundi en tant que président d’une transition dont il n’a pas fixé la durée.
Détournements «massifs»
Et a promis de «remettre le pouvoir aux civils» à l’issue de cette transition, après avoir fait adopter «par référendum» une nouvelle Constitution qui devra être élaborée avec la participation de «l’ensemble des forces vives de la Nation» et qui débouchera sur des «élections libres et transparentes». Dès le lendemain du coup d’État, les militaires ont arrêté l’un des fils du président déchu, Noureddin Bongo Valentin, et de six autres jeunes membres de la garde rapprochée du chef de l’État et de son épouse Sylvia Bongo, les montrant les jours suivants lors de perquisitions à leurs domiciles au pied de sacs débordant de billets de banque pour l’équivalent de centaines de millions d’euros.
Et, comme le faisait l’opposition depuis plusieurs années, les putschistes ont accusé Sylvia et son fils Noureddin d’avoir été les «véritables dirigeants du pays» et au cœur d’un gigantesque réseau de corruption, en manipulant notamment le chef de l’État qui, lui, n’avait pas le statut de détenu. Deux jours après l’arrestation de son fils, ses avocats parisiens ont annoncé que Sylvia Bongo était «détenue au secret» et «arbitrairement» quelque part au Gabon.
Noureddin Bongo et les six autres membres dits de la «Jeune garde» du palais présidentiel, eux, sont détenus notamment «haute trahison contre les institutions de l’État, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants». Ali Bongo avait été élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait depuis plus de 41 ans ce petit État parmi les plus riches d’Afrique grâce à son pétrole mais où un tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.