ScienceDécouverte en France d’un ver étrange baptisé… Covid
Trouvée dans deux jardins, cette espèce d’un noir métallique et à la tête plate en marteau a été nommée comme le virus parce que les chercheurs étaient confinés.
- par
- Michel Pralong
Il est pour le moins étrange, ce nouveau ver découvert en France. Il est totalement noir, faisant même penser à du «métal liquide», comme le décrit l’un des scientifiques qui l’a observé. Et sa tête a une forme de marteau, plate comme c’est le cas dans la famille des vers plats. Sauf que d’habitude, ceux-ci sont plutôt marron ou jaunes. Il s’agit donc bien d’un nouveau spécimen, non pas d’un animal présent depuis longtemps dans la région et qui serait passé sous les radars, mais visiblement qui a été introduit. Et ce ver pourrait potentiellement envahir nos jardins.
Il a été découvert grâce la science participative (des particuliers qui recensent les espèces trouvées chez eux) dans deux jardins des Pyrénées-Atlantiques, jardins séparés par une centaine de kilomètres. «Dans les deux cas, il n’y avait que quelques individus de l’espèce noire», écrivent dans «The Conversation» les auteurs d’une étude consacrée à cette nouvelle espèce. Ils ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’un variant d’une espèce plus grande, mais son génome était différent. Rien non plus dans la littérature scientifique internationale, ni en Asie tropicale qui est qui est le continent d’origine principal de ces vers à tête en forme de marteau. Jusqu’à des signalements en 2019 de vers très ressemblants en Italie, en Vénétie et près de Rome. Là, les génomes étaient très proches, donc pour les scientifiques, il s’agit de la même espèce, qui est déjà présente dans au moins deux pays européens.
Envahissant comme le Covid?
Les chercheurs expliquent comment ils lui ont donné un nom: humbertium covidum. Humbertium parce qu’il a les mêmes caractéristiques que des vers ainsi nommés. Et Covidum parce que… «nous avons commencé ce travail en 2020, quand nos laboratoires étaient fermés du fait du confinement. Ensuite, au fur et à mesure que la pandémie progressait, nous avons voulu nommer l’espèce en hommage à toutes les victimes. Et finalement, il nous a semblé que covidum était un nom approprié pour un organisme capable d’envahir le monde et venant d’Asie, comme la pandémie de Covid-19 elle-même».
Pour les chercheurs, c’est la mondialisation qui est responsable du transport d’espèces d’un bout à l’autre de la planète. «Quelques individus d’un ver plat, qui ne se rendent compte de rien, se retrouvent ainsi à traverser le monde entier en quelques jours, probablement dans la terre d’un lot de plantes». Et quand ils arrivent dans un environnement favorable, comme c’est le cas dans les Pyrénées-Atlantiques, avec un climat doux et toujours un peu humide, où leurs prédateurs naturels sont absents, ils risquent de proliférer et de bouleverser l’équilibre des espèces présentes. «Espérons qu’à la différence du virus qui lui a donné son nom, ce ver n’envahisse pas le monde», conclut l’auteur principal, Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris.