Football - Marc Hottiger: «La Suisse a les moyens de ramener trois points de Rome»

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FootballMarc Hottiger: «La Suisse a les moyens de ramener trois points de Rome»

Au printemps 1993, le Vaudois avait marqué contre l’Italie le but qui allait ouvrir les portes de la World Cup à la Suisse. A 54 ans, il n’a rien oublié de cette victoire historique et affiche sa confiance avant les retrouvailles romaines.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Le 1er mai 1993, Marc Hottiger (ici avec Christophe Ohrel) avait frappé à la 55e minute de Suisse-Italie

Le 1er mai 1993, Marc Hottiger (ici avec Christophe Ohrel) avait frappé à la 55e minute de Suisse-Italie

Eric Lafargue

Les victoires que la Suisse a pu fêter contre l’Italie sont rares (on en compte 8, contre 23 nuls et 29 défaites). En 1982, la Nati l’avait ainsi emporté 1-0 à Rome, Elsener gâchant la fête organisée en l’honneur des nouveaux champions du monde, couronnés quelques mois plus tôt en Espagne. Mais c’était à l’époque un match pour beurre, sans enjeu.

Le 1er mai 1993 à Berne, Marc Hottiger, lui, avait été à l’origine d’une victoire historique. Son but de la 55e minute avait rapproché les boys de Roy Hodgson de la World Cup américaine, comblant 28 ans d’absence helvétique sur la scène internationale. Un but pour l’histoire qui n’a cessé depuis d’accompagner l’actuel responsable auprès de l’ASF des centre de formation à l’échelle helvétique. Le Matin a joint l’ancien international (64 sélections/5 buts), pas franchement étonné de notre appel.

Marc Hottiger, on vous appelle parce que…

Oui, j’imagine bien pourquoi. Au hasard, à cause du match de vendredi contre l’Italie?

Bingo! Parce qu’à chaque rendez-vous contre la Squadra Azzurra, on en revient toujours et encore à votre but…

Vous n’êtes pas les seuls à me le ressortir. Chaque fois que la Suisse joue contre l’Italie, on pense à moi. C’est pareil pour l’Espagne. Tant qu’il n’y aura pas de nouvel exploit helvétique, on se souviendra toujours du but de Gelson Fernandes en Afrique du Sud en 2010.

«Ce soir-là, tout nous avait réussi. On était sur une pente ascendante, avec une équipe en train de grandir»

Marc Hottiger, ancien international helvétique

Revenons-en à ce fameux 1er mai 1993…

On avait livré un très gros match, Marco Pascolo avait effectué plusieurs arrêts de classe. Roy (ndlr: Hodgson) avait bien préparé son affaire sur le plan tactique. Ce soir-là, tout nous avait réussi. On était sur une pente ascendante, avec une équipe en train de grandir.

Dans son couloir droit, le Vaudois s’était retrouvé face à Roberto Baggio.

Dans son couloir droit, le Vaudois s’était retrouvé face à Roberto Baggio.

Eric Lafargue

Devant plus de 30000 spectateurs réunis dans l’ancien Wankdorf, on avait senti le début d’une réelle euphorie populaire, non?

Oui, c’est vrai mais cette euphorie existait déjà en partie. Elle avait commencé avec Uli Stielike, lors des qualifications pour l’Euro 1992, lorsque l’on avait échoué au poteau lors du dernier match en Roumanie. Pour les Etats-Unis, la campagne avait été idéalement lancée avec un 6-0 en Estonie, puis tout s’était enchaîné. Avant de battre l’Italie chez nous, on avait déjà failli l’emporter à Cagliari lors du match aller. Alors que l’on avait rapidement mené 2-0 (ndlr: buts de Ohrel et Chapuisat), on s’était fait rejoindre sur le fil (2-2).

«Mon but a permis à la Suisse d’aller aux Etats-Unis et ce qui s’est passé là-bas m’a permis d’aller ensuite en Angleterre. Notre qualification a ouvert des portes»

Marc Hottiger, ancien international helvétique

En quoi ce but a-t-il vous a-t-il marqué? Quel a été son poids dans votre carrière?

Cela a clairement été mon but le plus important. Cela dit, tous les points, tous les buts ont comptés lors de cette première campagne victorieuse depuis longtemps. Mon but a permis à la Suisse d’aller aux Etats-Unis et ce qui s’est passé là-bas durant la World Cup 1994 m’a permis d’aller ensuite en Angleterre. Notre qualification a ouvert des portes.

A l’époque, la base de l’équipe était suisse-romande, avec six titulaires évoluant entre Servette, Lausanne et Sion…

Il y a toujours eu des vagues. Mais la Suisse romande compte toujours. Dans le cadre actuel, on retrouve des Genevois et des Vaudois (...) La mixité, c’est ce qui a toujours constitué la force de la Suisse.

Ce 1er mai 1993, avez-vous le sentiment d’avoir écrit l’histoire?

Pas jusqu’à ce point quand même. Mais l’histoire était belle… en attendant la prochaine.

Vingt-huit ans plus tard, place au rendez-vous romain. Compte tenu des forfaits décimant l’équipe nationale, appartenez-vous au camp des inquiets ou êtes-vous plutôt optimiste?

Je suis d’avis que cela va bien se passer. La Suisse est en confiance, elle tient sa feuille de route. Je suis convaincu que Yakin saura mettre en place un plan tactique qui va fonctionner. On évoque certes nos blessés mais l’Italie en déplore aussi. Devant leur public, les Transalpins devront aussi composer avec la pression, un facteur loin d’être négligeable. Pour moi, la Suisse a les moyens de ramener trois points de Rome.

Et de vous «effacer» ainsi de la mémoire collective quelque part?

Je ne serais pas mécontent si l’on parlait moins de moi et de mon but! (Rires)

«L’Italie a davantage besoin de l’emporter que la Suisse. Tant je ne vois pas les Transalpins aller s’imposer 5-0 à Belfast, face à des Irlandais qui ne lâcheront rien»

Marc Hottiger, ancien international helvétique

Dans ce même Stadio Olimpico, la Suisse avait été ridiculisée lors de l’Euro en renonçant à jouer (défaite 3-0)

Ce jour-là, le visiteur n’avait pas montré son vrai visage. La Suisse a une revanche à prendre, cela peut être un levier. Ces joueurs doivent utiliser ce côté revanchard pour créer la surprise.

Dans le dénouement de ce groupe C et alors qu’il reste six points en jeu, ne faut-il pas automatiquement associer les deux derniers matches?

Je suis convaincu que l’Italie a davantage besoin de l’emporter que la Suisse vendredi soir. Tant je ne vois pas les champions d’Europe aller s’imposer 5-0 à Belfast trois jours plus tard, face à des Irlandais qui ne lâcheront rien. En ce sens, un match nul à Rome ne serait sans doute pas une mauvaise affaire, sachant que les Suisses affronteront ce même lundi à Lucerne une équipe de Bulgarie démobilisée.

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