Crise ukrainienneMoscou veut savoir de quel côté la Suisse se trouve
Le ministre russe des Affaires étrangères a écrit à Ignazio Cassis pour que la Suisse prenne position sur les revendications russes adressées aux USA et à l’OTAN.
![Sergueï Lavrov et Ignazio Cassis se sont rencontrés à Genève le 21 janvier dernier. Sergueï Lavrov et Ignazio Cassis se sont rencontrés à Genève le 21 janvier dernier.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/540c7f11-dfd2-46d2-8723-7e4db3ba021d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2001%2C1333&fp-x=0.5002498750624688&fp-y=0.5003750937734434&s=adf92299e82ce99f06bfd5261b586e27)
Sergueï Lavrov et Ignazio Cassis se sont rencontrés à Genève le 21 janvier dernier.
AFPLa Suisse vient de recevoir du courrier de Moscou au sujet de la crise aux frontières de l’Ukraine. En effet, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov vient d’adresser une lettre au président de la Confédération Ignazio Cassis afin que Berne prenne position sur le catalogue de revendications russes adressé aux États-Unis et à l’OTAN, révèle le Tages-Anzeiger samedi. La missive a été confirmée par Berne.
Dans sa lettre, Sergueï Lavrov explique les conceptions russes d’un ordre sécuritaire européen, selon le Tagi. «Nous avons pris connaissance de ce point de vue», a confirmé Pierre-Alain Eltschinger, porte-parole du Département des affaires étrangères.
À discuter dans le cadre de l’OSCE
Selon le Tagi, la Russie voudrait savoir où la Suisse se situe par rapport à la Charte de sécurité européenne, adoptée pour la première fois en 1999 par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). La charte stipule notamment que chaque État participant peut «choisir librement ses arrangements de sécurité, y compris les traités d’alliance». Un État participant a également le droit à la neutralité et ne doit pas consolider sa propre sécurité aux dépens d’autres États.
La Suisse, pays neutre, doit donc répondre. En règle générale, les lettres adressées au président de la Confédération Ignazio Cassis font l’objet d’une réponse individuelle. Mais dans ce cas, Berne souhaite discuter de cette missive dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a expliqué le DFAE.
Fortes tensions
Pour rappel, au moins 100’000 soldats russes sont massés près des frontières de l’Ukraine. Ce qui pour les Occidentaux constitue le signe d’une opération militaire d’envergure à venir. Mais Moscou se défend de toute invasion potentielle de son voisin. Parallèlement, les États-Unis ont annoncé le déploiement de 3000 militaires en Europe de l’Est en soutien aux forces de l’OTAN, que l’Ukraine voudrait rejoindre.
Du coup, la Russie s’estime menacée et demande que Washington et les pays de l’OTAN s’engagent à ne pas élargir l’Alliance atlantique. Ce à quoi l’OTAN répond être engagé dans «la politique de la porte ouverte» à d’autres membres potentiels, une posture soutenue par Washington.
Vladimir Poutine dénonce «le manque de volonté de l’OTAN de répondre aux préoccupations légitimes de la Russie» concernant sa sécurité. Moscou demande également que l’OTAN s’abstienne de toute activité militaire en Ukraine, «en Europe de l’Est, dans le Caucase du Sud et en Asie centrale». En réponse, l’OTAN demande «le retrait des troupes russes d’Ukraine, de Géorgie et de Moldavie», en référence respectivement à la Crimée annexée, l’Ossétie et l’Abkhazie pour la Géorgie, et la Transdniestrie.