ValaisJeune papa tué à Chippis: «Je l’ai quitté une heure avant sa mort»
Le père de 22 ans, découvert sans vie dans la rue samedi 18 février, a passé sa dernière soirée au Carnaval de Sion. Écroué, son agresseur occupe la justice des mineurs depuis des années.
- par
- Evelyne Emeri
Sa dernière soirée, le Portugais de 22 ans l’a passée au Carnaval de Sion avec sa compagne et maman de leur fillette de bientôt 2 ans. À l’aube, samedi 18 février, il a perdu la vie à Chippis près de Sierre, poignardé à plusieurs reprises par le frère cadet de son amie. Ce dernier, un mineur serbe de 17 ans, habite dans la localité avec sa mère non loin du terrain de football. C’est là, à même le bitume, que la victime a été découverte inanimée vers 05h30 du matin. «Je l’ai quitté une heure avant sa mort. J’étais avec lui et sa copine au Carnaval de Sion. Ils étaient bien, ils rigolaient. Vers 4h, j’ai dû rentrer. Il a proposé de me ramener chez moi et j’ai dit que je me débrouillais. Vers 15h, j’apprenais sa mort», raconte un de ses amis proches au matin.ch.
«Personne ne sait la réalité. Il y a beaucoup d’histoires différentes qui circulent. Lui et sa copine sont rentrés ensemble. Ils allaient à Bramois (ndlr. près de Sion). La plupart du temps, ils vivaient chez ses parents avec la petite. Il a ramené en voiture deux autres copains, un à Champsec et l’autre à Savièse. Après… Est-ce qu’ils se sont embrouillés. Ça arrivait souvent, ajoute notre interlocuteur, ils avaient tous les deux des caractères forts, mais ils allaient bien ensemble. Ils semblaient heureux. Ils avaient surmonté leur rupture après la naissance de leur fille. Ils s’aimaient beaucoup. Le petit frère n’aimait pas leur relation.» Ce même petit frère, unique suspect à ce stade du crime sordide de cet installateur sanitaire.
«Bon vivant, drôle, souriant»
«Un bon vivant, un bon gars, souriant, drôle, poli.» Plusieurs voix s’accordent pour définir le défunt ainsi, heureux aussi professionnellement dans son nouveau job et sa nouvelle entreprise depuis le début de cette année. Que s’est-il donc passé ce samedi maudit aux aurores à Chippis? Le Portugais a-t-il ramené sa douce chez sa mère où elle est domiciliée avec son cadet, auteur des coups de couteau? Une dispute est-elle survenue à ce moment-là? Sur le palier de leur duplex ou à l’extérieur? Le prévenu mineur se serait-il interposé, réveillé par le bruit?
Des voisins attestent avoir entendu un esclandre. Le contexte familial de l’auteur, toujours présumé, «est compliqué. La famille était suivie par l’Office pour la protection de l’enfant depuis des années», explique une source proche du dossier. L’agresseur serbe a été placé dans un centre d’éducation spécialisé pour des faits de violence, de cambriolage et de drogue il y a deux, trois ans.»
Comment et pourquoi la situation entre les beaux-frères a-t-elle pareillement dégénéré? Quel mobile? Bien trop tôt pour le dire. «Nous sommes très clairement dans une affaire de meurtre», affirme le juge des mineures Alexandre Sudan contacté par lematin.ch. Le magistrat a hérité de l’affaire des mains du ministère public qui s’est dessaisi en raison de l’âge du jeune Serbe, interpellé le soir même. Sur les circonstances, le magistrat n’en dira pas davantage si ce n’est d’exclure une pseudo-guerre des clans. «Il ne s’agit de rien d’autre que d’un conflit intrafamilial élargi. Il n’y a pas eu forcément de préméditation», insiste le juge Sudan. Qui confirme en outre que «l’accusé est connu de la justice des mineurs depuis longtemps pour des faits bien moins graves que ceux-ci».