Dominique Antenen: «Le HC Bienne est bilingue, point barre»

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Dominique Antenen«Le HC Bienne est bilingue, point barre»

D’origine romande, le speaker officiel du club de hockey incarne sa ville comme personne pendant la finale des playoffs de National League.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Le speaker Dominique Antenen a le bilinguisme dans la peau.

Le speaker Dominique Antenen a le bilinguisme dans la peau.

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Dans son habit de conseiller en assurances, sa tenue de ville est cravatée, mais dans son rôle de speaker officiel du HC Bienne, Dominique Antenen (59 ans) tombe la veste. Ses «iiihaaaaa» hurlés à chaque but biennois sont sa marque de fabrique, comme l’a relevé «Le Journal du Jura» avant l’acte IV de la finale des playoffs de National League disputée contre le Genève-Servette HC.

Lors du dernier titre national du HC Bienne, en 1983, Dominique Antenen terminait un apprentissage d’employé de commerce à Neuchâtel, à 19 ans. «Je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à cette victoire», concède-t-il.

Écharpe tricotée

Enfant, il n’était pas fan de hockey. «Mais je me souviens d’une écharpe que m’avait tricotée ma maman: j’ai dû voir des matches avec mon frangin», nuance-t-il. À la maison, on parlait en français, mais à Nidau, ses parents francophones l’ont placé dans une école enfantine alémanique.

Ses souvenirs de fiesta remontent à 2008, lorsque le HC Bienne est remonté en Ligue nationale A. Dominique Antenen était le speaker du club, une fonction bénévole qu’il occupe depuis 1992. «Je n’ai jamais patiné…», rigole Dominique Antenen, en se définissant comme un «aficionado administratif».

Marche de l’espoir

Comment est-il devenu speaker au HC Bienne? Dominique Antenen a été repéré en 1990, alors qu’il commentait en deux langues la Marche de l’espoir de l’association Terre des hommes: il devenait alors animateur du club de hockey, prêt à remplacer le speaker officiel, tout en devenant responsable du marketing.

À la patinoire, Dominique Antenen commence par présenter les équipes et remercier les sponsors. Pendant la partie, il annonce les pénalités comme les publicités. «Je retransmets ce qui se passe sur la glace. Comme on me l’a dit lors d’une formation pour les championnats du monde… annulés à Lausanne pour cause de pandémie, un speaker est le lien entre le club et le public».

Dans ma cabine

«Sans speaker, un match ne peut pas avoir lieu», précise Dominique Antenen. Ah bon? «Son rôle est aussi sécuritaire, par exemple en cas de mouvements de foule», explique-t-il. Un rôle officiel: «Je passe l’entier d’un match dans ma cabine, au contraire d’un animateur qui chauffe le public», précise-t-il. À la fin d’une rencontre, il entre parfois sur la glace pour remettre des prix.

Les faits de jeu, le speaker biennois les annonce toujours en français et en allemand. Un exercice d’équilibriste: «On m’a déjà reproché d’avoir annoncé un but d’abord en allemand…», rigole le speaker, qui veille à utiliser en premier la langue du club visiteur, mais la parité est de 50%-50%.

Staff en anglais

En matière de bilinguisme, le HC Bienne fait mieux que le HC Fribourg-Gottéron, où les annonces ne sont faites en allemand que lorsque le club visiteur est alémanique ou… bilingue. Quand le HC Bienne rencontre le HC Lugano ou le HC Ambrì Piotta, les interventions deviennent trilingues à la Tissot Arena grâce au speaker remplaçant Olivier Piguet.

Une finale HC Bienne – Genève Servette HC est-elle 100% romande? «Non! Le prétendre, c’est snober la partie alémanique de Bienne», soupire le speaker. Mais Dominique Antenen n’en fait pas une polémique: «Que ceux qui veulent faire de Bienne une ville romande le fassent: les Biennois n’en perdront pas leur identité».

Ce qu’on veut

Quelle identité? «N’être ni romand, ni alémanique, mais bilingue. On est biennois, point barre!» insiste le speaker. Si Bienne perd, le club sera-t-il toujours perçu comme 100% romand? «Mettez-nous où vous voulez, nous, ce qu’on veut, c’est gagner!» s’exclame le speaker. Avec ses joueurs étrangers, le staff parle en anglais, mais certains joueurs s’adaptent au bilinguisme biennois avec curiosité.

Dominique Antenen possède sa propre émission «Rendez-vous» à la TV régionale «TeleBielingue», où il pose ses questions en deux langues et traduit les réponses… Avant l’acte II de la finale, il a fait le tour des endroits où la finale est diffusée en direct et en public. Au cinéma Rex, avec sa notoriété et son bagou, il a fait se lever toute l’assistance avant l’hymne nationale!

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