Football: Ursea: «Il n’y a plus photo entre la Suisse et la Roumanie, depuis longtemps»

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FootballUrsea: «Il n’y a plus photo entre la Suisse et la Roumanie, depuis longtemps»

Gros plan sur les problèmes de l’équipe roumaine avec Adrian Ursea, ex-adjoint de Lucien Favre et entraîneur d’Étoile Carouge, avant le Suisse-Roumanie de ce soir (20h45).

Daniel Visentini Lucerne
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Daniel Visentini Lucerne
Adrian Ursea a notamment entraîné l’OGC Nice. Il a bien sûr gardé un œil d’expert sur le football roumain.

Adrian Ursea a notamment entraîné l’OGC Nice. Il a bien sûr gardé un œil d’expert sur le football roumain.

AFP

Climat pesant, nuages lourds et soleil mélangés sur Lucerne. Ce lundi soir, la Suisse accueille la Roumanie et il fera chaud. Sur le terrain aussi? Les Roumains, dans la mémoire collective, c’est Hagi, Popescu, Mutu, Munteanu, Chivu, Lacatus et beaucoup d’autres. C’est la fabuleuse victoire 4-1 à la Coupe du monde 1994 de la Suisse, face à beaucoup de ces stars roumaines. Mais la Roumanie d’aujourd’hui? Qu’est-elle devenue?

«Elle est très, très loin de celle de 1994. Il n’y a plus photo entre la Suisse et la Roumanie, depuis longtemps…», soupire Adrian Ursea. Le Roumain, qui a joué en Suisse, entraîné Servette, été l’adjoint de Lucien Favre à Nice, avant d’en devenir l’entraîneur, et qui est le nouvel entraîneur d’Étoile Carouge, porte un jugement lucide sur «son» équipe nationale.

Pas de travail de fond

«La Roumanie est une équipe qui se cherche, explique-t-il. C’est compliqué, parce qu’aucun travail n’a été effectué depuis presque trente ans. Les anciens, ceux que tout le monde connaissait, ne sont plus là depuis longtemps et comme le travail n’a pas été fait, puisqu’en Roumanie on a pensé que c’était facile, que tout allait tomber naturellement, on attend des résultats qui ne viennent pas. Au milieu des années 90, le football suisse s’est structuré, s’est organisé. Pas la Roumanie.»

«On a pensé que c’était facile, que tout allait tomber naturellement, on attend des résultats qui ne viennent pas»

Adrian Ursea, ex-footballeur roumain, entraîneur de Carouge

En 1994, avec Hagi et consorts, les Roumains ont pointé au 7e rang mondial du classement FIFA. Aujourd’hui, ils apparaissent à la 46e place.

Des soucis partout

«Aucun travail n’a été fait, je le répète, dit Ursea. Et il y a eu beaucoup de problèmes dans le foot roumain, en plus. De la désorganisation, de la corruption dans le championnat, une bataille de pouvoir à la fédération, avec un président en place qui est très contesté, un manque de compétence à tous les niveaux. En fait, il n’y a que des initiatives personnelles qui aident le foot roumain, comme l’académie de Hagi, mais cela forme des joueurs surtout pour le niveau national, pas au-delà.»

Est-ce à dire que si la logique est respectée, ce Suisse-Roumanie sera une formalité pour les hommes de Yakin? À en juger par la performance poussive des Suisses en Andorre, vendredi soir, il faut rester humble.

«Attention: le footballeur roumain aime se révolter contre les meilleures équipes. Si j’étais la Suisse, je me méfierais tout de même»

Adrian Ursea, ex-joueur roumain, entraîneur de Carouge

«C’est le football, s’amuse Adrian Ursea. Sur sa valeur intrinsèque, la Suisse est largement supérieure à la Roumanie d’aujourd’hui. Mais attention: le footballeur roumain aime se révolter contre les meilleures équipes. Si j’étais la Suisse, je me méfierais donc tout de même un peu. La Roumanie est deuxième au classement, une qualification pour l’Euro 2024 apaiserait sans doute les critiques. Même si le problème nécessiterait plus que ça pour repartir sur le bon pied.»

La Suisse va donc se méfier. D’ailleurs, elle peut écouter le sélectionneur roumain, Edward Iordanescu. «Le potentiel et le talent sont encore présents en Roumanie, assure-t-il. Les choses n’ont pas été bien faites par le passé, c’est vrai, l’histoire est complexe, mais je suis sûr que le potentiel est toujours là.»

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