Attentat de BruxellesL’auteur devait purger une peine de 26 ans de prison en Tunisie
Dimanche, le Parquet belge a révélé que l’homme qui a abattu deux Suédois, lundi, s’était évadé d’une prison tunisienne, où il purgeait une lourde peine.
Le Tunisien radicalisé qui a tué deux Suédois lundi, à Bruxelles, était visé par une demande d’extradition des autorités de son pays après s’être évadé en 2011 d’une prison où il purgeait une condamnation à 26 ans de réclusion, a indiqué dimanche le Parquet de la capitale belge.
Cette demande d’extradition reçue par les autorités belges en août 2022 n’a pas été traitée par le magistrat compétent du Parquet de Bruxelles auquel elle a été transmise deux semaines plus tard, «une erreur monumentale» qui a conduit vendredi soir à la démission du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne.
«Ce n’est pas une justification»
Dimanche, le chef du Parquet de Bruxelles Tim De Wolf s’est expliqué devant la presse. «Le grave sous-effectif du Parquet de Bruxelles a joué un rôle, mais (...) ce n’est pas une justification», a déclaré le magistrat. Il a admis qu’après réception du dossier, en septembre 2022, ce dernier avait sans doute été oublié dans une armoire. «Aucun des collègues concernés ne se souvient de ce qu’il est advenu de ce dossier spécifique il y a un an. Il n’y a aucune trace d’un traitement ultérieur», a poursuivi Tim De Wolf.
L’auteur de l’attentat de lundi soir, Abdesalem L. a été condamné à «plus de 26 ans de prison en Tunisie en 2005, mais s’est évadé de prison en janvier 2011». Selon les explications du procureur, il a été «signalé» par les autorités tunisiennes «le 1er juillet 2022, via Interpol». Mais à l’époque le document ne mentionnait qu’une demande d’extradition «pour une évasion de prison», ce qui n’est pas une infraction en droit belge. La requête de Tunis a dû être précisée par l’envoi un mois et demi plus tard d’«une série d’annexes». Mais le dossier s'est ensuite égaré au Parquet, sans que le ministère ne relance le sujet.
Samedi soir, la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, avait déjà expliqué qu’en raison du manque de précisions dans la première «notice rouge» d’Interpol ciblant Abdesalem L., le dossier n’avait pas pu recevoir immédiatement un traitement judiciaire.
Plusieurs tentatives de meurtre
Le motif de la condamnation tunisienne n’a pas été précisé dimanche par le Parquet. Selon plusieurs journaux belges, Abdesalem L. avait été reconnu coupable de plusieurs tentatives de meurtre. L’attaque qui a visé lundi soir des supporters de football suédois a relancé le débat sur les moyens des forces de sécurité belges, et le suivi des profils radicalisés, notamment par les services de l’immigration.
Après trois autres vaines tentatives depuis 2011 en Norvège, Suède et Italie, l’auteur avait été débouté d’une demande d’asile en Belgique. Il était visé depuis mars 2021 par un ordre d’expulsion jamais exécuté. Il a été abattu mardi matin par la police belge. Ce week-end, le gouvernement a annoncé des renforts à la fois au Parquet de Bruxelles et dans les effectifs de la police fédérale dans la capitale.