ÉquateurDes détenus sèment le chaos dans six prisons du pays
Sept policiers et 50 gardiens de prison ont été pris en otage par des prisonniers, alors que le pays fait face à une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.
Des détenus ont pris en otage 57 gardiens et policiers dans six prisons en Équateur. Ils ont agi en représailles contre de récents transferts de détenus et contre des interventions des forces de sécurité dans les établissements pénitentiaires du pays. Quelques heures plus tôt, dans la nuit de mercredi à jeudi, deux véhicules piégés avaient explosé devant des bâtiments de l’administration pénitentiaire, à Quito. Un début de mutinerie avait éclaté dans une prison pour adolescents, et les forces de l’ordre avaient désactivé trois grenades prêtes à exploser dans un autre quartier de la capitale.
«Ça n’a pas été une journée facile», a euphémisé le maire de la capitale, Pabel Muñoz, s’engageant à «travailler sur tous les fronts pour que la paix et la tranquillité continuent de régner». Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, l’Équateur est frappé depuis plusieurs mois par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.
Une grande partie de ces violences se déroule dans les prisons, dont de puissantes bandes criminelles se disputent le contrôle et que le gouvernement tente de reprendre en main. Selon les services pénitentiaires équatoriens (SNAI), sept policiers et cinquante gardiens de prison «sont détenus dans six centres de privation de liberté». Le SNAI n’a fourni aucun détail sur ces incidents. «Nous sommes inquiets pour la sécurité de nos agents», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Juan Zapata, lors d’une conférence de presse à Quito.
Recherches d’armes en prison
La prise d’otages «serait une réponse des groupes criminels après les interventions de la force publique dans les centres pénitentiaires du pays, dont le but est la découverte d’objets interdits qui sont utilisés pendant les violences», a estimé le SNAI. Mercredi, des centaines de soldats et de policiers avaient mené une opération de recherches d’armes, de munitions et d’explosifs dans une prison de Latacunga (sud).
Par ailleurs, six personnes incarcérées pour l’assassinat le 9 août du candidat à la présidentielle Fernando Villavicencio avaient été transférées dans d’autres prisons, a indiqué le ministre de la Sécurité, Wagner Bravo. Le 24 juillet, le président sortant Guillermo Lasso avait décrété l’état d’urgence dans tout le système pénitentiaire du pays pendant 60 jours, une mesure qui permet notamment à l’État d’envoyer l’armée dans les prisons.
«Ils veulent intimider l’État»
La prise d’otages est intervenue après l’explosion d’une camionnette et d’une voiture piégées, à quelques heures d’intervalle, devant des bâtiments appartenant à l’administration pénitentiaire à Quito, sans faire de victime. Selon le directeur des enquêtes antidrogue de la police, le général Pablo Ramirez, les véhicules contenaient des «cylindres de gaz avec du carburant, une mèche lente et apparemment des bâtons de dynamite». Trois grenades ont par ailleurs été détruites par les démineurs dans un autre quartier de Quito.
Douze personnes, dont une de nationalité colombienne, ont été arrêtées pour les faits survenus dans la capitale, selon les autorités. «Ils veulent intimider l’État pour empêcher que les forces armées et la police continuent à assurer leur rôle et le contrôle des prisons», a déclaré Wagner Bravo, sur une radio locale.