Colombie : «Ma famille est hors du pays, ils perdent leur temps avec des menaces de mort»

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Colombie«Ma famille est hors du pays, ils perdent leur temps avec des menaces de mort»

Cible d’intimidations pour ses positions sur les narcotrafiquants, le président du Sénat colombien a posté un message sur Twitter le montrant en train d’accompagner ses proches à l’aéroport.

La photo postée par le sénateur de centre gauche Roy Barrera.

La photo postée par le sénateur de centre gauche Roy Barrera.

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Le président du Sénat colombien a annoncé avoir mis à l’abri sa famille à l’étranger après des menaces de mort à l’encontre de celle-ci, en plein débat national sur les négociations en cours avec les narcotrafiquants.

«Je me sens maintenant plus tranquille»

«À l’aéroport, je dis au revoir au dernier de mes enfants qui quitte le pays avec tous ses frères et sœurs pour des raisons de sécurité», a expliqué vendredi sur Twitter, photo à l’appui, le sénateur de centre gauche Roy Barrera. «Toute ma famille est hors du pays, (...), ils perdent leur temps avec des menaces de mort», a-t-il commenté, remerciant la justice d’avoir «identifié et agi opportunément» contre l’un des auteurs de ces menaces. Et de souligner: «Je me sens maintenant plus tranquille pour pouvoir affirmer ma position contre les narcos de ce pays: (...) ils doivent être traduits devant la justice ordinaire», et non devant la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), a souligné Roy Barrera.

Plan de «paix totale»

Personnalité influente du nouveau pouvoir de gauche, Roy Barrera est un vieux routier de la politique colombienne ayant joué un rôle clé pour former l’actuelle majorité parlementaire soutenant le président Gustavo Petro. Ces derniers jours, il avait laissé entendre son opposition à des négociations trop généreuses avec les narcotrafiquants, alors que le président Petro, dans le cadre de son ambitieux plan de «paix totale» pour le pays, négocie avec les groupes armés et entend obtenir la soumission des narcotrafiquants à la justice en échange d’avantages juridiques.

Le président colombien Gustavo Petro.

Le président colombien Gustavo Petro.

AFP

Un projet de loi pour encadrer ces négociations est actuellement en cours de préparation. L’une des exigences des narcotrafiquants impliqués dans ces discussions serait de répondre de leurs actes devant la JEP, institution spéciale née de l’accord de paix qui a mis fin en 2016 au conflit avec la guérilla marxiste des FARC. La JEP accorde des peines alternatives à la prison pour ceux qui avouent leurs crimes et paient des réparations aux victimes et à leur famille.

«On ne négocie pas avec les narcos» 

«Avec les narcotrafiquants, on ne négocie pas les lois, on ne fait pas d’accord de paix», réaffirme dimanche M. Barrera, dans un entretien à l’hebdomadaire «Semana», fustigeant au passage les «intermédiaires» et «nuées d’avocats» qui exploitent «les intentions nobles du président» Petro. Le sujet a par ailleurs été au centre de plusieurs passes d’armes ces dernières semaines entre le président Petro, et le procureur général de la nation, Francisco Barbosa, qui a publiquement exprimé son opposition à une trop grande clémence envers les narcotrafiquants, et à certaines modalités du cessez-le-feu annoncé par le gouvernement dans les régions où opère notamment le Clan del Golfo, le plus grand gang criminel du pays.

Dimanche, dans un entretien avec le quotidien «El Espectador», Francisco Barbosa réaffirme que «sans le Parquet, il ne se sera pas possible de mettre en place ce processus de soumission» des narcotrafiquants. «Paix et justice transitionnelle pour les guérillas. Paix et soumission, avec la prison, pour des acteurs tels que les paramilitaires et les narcotrafiquants», souligne encore le Procureur général.

(AFP)

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