Moon a décroché la lune grâce à «Drag Race France»

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TélévisionMoon a décroché la lune grâce à «Drag Race France»

L’émission de France 2 a propulsé la Genevoise au rang de star de la communauté LGBTQIA+. Créature de la nuit sensible et créative, elle est de passage au Théâtre du Léman, à Genève, le 17 octobre.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna

«Je suis une femme trans, non-binaire, pansexuelle et romanichelle. Je coche toutes les cases et casse tous les codes.» Au début de l’été, Moon, de son vrai nom Ava Matthey, a tout de suite tapé dans l’œil des téléspectateurs de «Drag Race France» (une compétition diffusée sur France 2 pour élire la meilleure drag-queen) avec cette présentation. «J’ai voulu participer à l’émission pour montrer mon art, mon talent, mais également faire évoluer les mentalités. Il y a un manque de représentation. Je tenais à passer plusieurs messages», nous dit-elle dans un parc de la Cité de Calvin.

Moon a commencé sa transition il y a trois ans et a expliqué aux autres concurrentes être une femme transgenre dès le début de la saison 2. «C’était impressionnant de se dire que je le faisais en face de toute la France, la Belgique et la Suisse romande. Mais il était important pour moi de poser les bases, sans en faire toute une montagne. J’allais forcément devoir en parler, donc j’ai décidé de le faire simplement», confie la Genevoise de 32 ans, avant d’ajouter qu’elle se doutait être «différente depuis toute petite». «J’avais postulé pour la saison 1 de «Drag Race France», mais je venais de commencer à prendre des hormones. C’était trop tôt. On m’a demandé de revenir l’année d’après et j’ai suivi leur conseil.» Un excellent conseil.

«Mes parents ne m’ont jamais mis de barrières»

En effet, celle qui se décrit comme une «créature de la nuit» et une «personne réservée» dans la vie a éclipsé les candidates par son naturel, son style, sa bienveillance et ses mots. Moon a notamment touché le public lorsqu’elle a souligné l’importance du soutien des parents pour les enfants LGBTQIA+. «Pour tous les parents qui se posent des questions, essayez déjà d’instaurer le dialogue. Votre enfant se cache peut-être par peur de ne pas être apprécié. Pour ma part, je suis très bien entourée. Ma mère et mon père ne m’ont jamais mis de barrières. Ils sont heureux d’avoir une fille. Ils sont fiers de moi, tout comme je suis fière d’eux. J’ai également une grande sœur qui a toujours été derrière moi et m’a comprise.»

Malgré l’amour de ses familles de sang et de cœur, elle révèle que tout n’a pas toujours été facile. La Romande a été victime de harcèlement scolaire, mais pas seulement. «Des mecs louches m’ont draguée dans la rue et je ne voulais juste pas leur parler. Si j’avais ouvert la bouche, ma voix m’aurait trahie. Il m’est arrivé de répondre et de recevoir une bonne gifle. On m’a aussi étranglée plusieurs fois en boîte car quelqu’un pensait que j’utilisais les mauvaises toilettes. L’incompréhension mène souvent à la haine», révèle-t-elle.

Élue Miss Sympathie

«Drag Race France» s’est terminée fin août avec la victoire de Keiona. Mais Moon n’a pas à rougir de son parcours. Son imitation de Brigitte Fontaine a fait mouche, son interprétation d’un homme qui exacerbe la masculinité toxique a touché et ses looks toujours soignés avec parfois des clins d’œil à notre pays ont laissé sans voix.

Elle a décidé de se retirer de la compétition pour prendre soin d’elle aux portes de la demi-finale. «Je suis hyperfière de mon chemin. Ce ne sont pas les critiques qui me donnent envie de partir. Je suis arrivée à un stade de ma santé mentale qui me pousse en fait à me retirer», confie-t-elle. Un moment fort et applaudi par la production. Un moment si fort que la Suissesse a finalement été couronnée Miss Sympathie. En recevant son prix, elle s’est exclamée: «Aujourd’hui, je vais bien!» En effet, Moon est arrivée en visant la lune et l’a décrochée.

Participante parmi les plus acclamées de la saison, elle n’a pas chômé. «Les soirées n’arrêtent pas. J’étais notamment au Montreux Jazz Festival avec GeneVegas (ndlr.: un collectif queer réputé pour ses soirées en Suisse romande) en juillet dernier et Lil Nas X est venu nous voir! Puis évidemment, il y a le spectacle avec les autres membres de Drag Race». Le show est en tournée pendant trois mois et s’arrête au Théâtre du Léman à Genève, le 17 octobre prochain. Il se terminera à Paris le mois suivant. Une ville que Moon apprécie particulièrement, mais elle n’oublie pas la Suisse pour autant. «Je me sens bien à Paris et à Genève, on verra où le futur me mène.»

Sasha Velour: la gagnante de «Drag Race» saison 9 à Genève et Zurich

Sasha Velour est une drag-queen tout aussi douée que notre Moon nationale. En 2017, elle remporte la saison 9 de «RuPaul’s Drag Race», l’émission américaine présentée par RuPaul. Six ans plus tard, elle tourne à travers le monde pour présenter «Smoke & Mirrors», un spectacle qui s’arrête au Théâtre du Léman à Genève, le 26 octobre et au Theater 11 à Zurich, le 27 octobre.

Ce show regroupe des visuels captivants et des surprises à couper le souffle. La bande-son passe de Judy Garland aux grands classiques du répertoire de Sasha Velour comme sa reprise de «So Emotional» de Whitney Houston. Cet hommage à la magie du théâtre ne craint pas d’explorer des thèmes profonds, tels le genre, le deuil ou la célébrité.

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