Football – La «Next Gen» de la Suisse va faire peur à beaucoup de monde

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FootballLa «Next Gen» de la Suisse va faire peur à beaucoup de monde

Cinq titulaires de base manquaient à l’appel vendredi à Rome. Sept lundi à Lucerne. Malgré cela, l’équipe de Suisse est allée gagner son ticket direct pour la Coupe du monde en s’appuyant sur sa relève. Décryptage.

Renaud Tschoumy
par
Renaud Tschoumy
Noah Okafor (21 ans) et Ruben Vargas (23 ans), symboles de la relève du football suisse.

Noah Okafor (21 ans) et Ruben Vargas (23 ans), symboles de la relève du football suisse.

imago images/Geisser

Ils étaient cinq éléments de base à manquer pour le match Italie – Suisse de vendredi à Rome. Le capitaine Granit Xhaka, Haris Seferovic, Nico Elvedi, Breel Embolo et Steven Zuber, tous forfaits pour blessure.

Lundi à Lucerne, la liste des absents s’était allongée: Ricardo Rodriguez blessé et Manuel Akanji suspendu, la liste des joueurs indisponibles était passée à sept.

Question: connaissez-vous beaucoup de sélections qui peuvent se passer de cinq, puis sept titulaires, et gérer deux matches décisifs comme la Suisse l’a fait (nul 1-1 en Italie, victoire 4-0 contre la Bulgarie)? Réponse: non. A part la Suisse peut-être…

Car les jeunes de la «Next Gen», bien encadrés par les quelques joueurs d’expérience restants, ont su prendre les choses en main et s’engouffrer dans le sillage de Xherdan Shaqiri, à l’image de Noah Okafor (21 ans), de Ruben Vargas (23 ans) et de Cedric Itten (24 ans), tous trois étincelants à la Swissporarena. Du coup, lorsque le sélectionneur Murat Yakin devra définir sa liste de 23 joueurs pour la Coupe du monde au Qatar, en novembre prochain, il risque de se retrouver confronté à des décisions difficiles.

Abondance de biens ne nuit pas, dit-on. Encore faut-il effectuer les bons choix – ce que Yakin a su faire depuis qu’il a pris la Nati en main.

Les incroyables statistiques d’Okafor

Ancien entraîneur adjoint de l’équipe de Suisse (de 2001 à 2014, aux côtés du regretté Köbi Kuhn puis d’Ottmar Hitzfeld), Michel Pont a aussi connu son lot d’avènements en sélection. Et le Genevois a vibré lundi soir comme s’il avait encore été sur le banc: «C’était incroyable, si juvénile. Il est tout à fait clair que les cartes sont redistribuées, mais il ne s’agit pas de commencer à mettre des joueurs de côté. On doit surtout se réjouir que la Suisse possède un pareil potentiel offensif. Je n’ai pas souvenir d’une équipe de Suisse aussi impressionnante dans ce compartiment, que ce soit quantitativement ou qualitativement. Cette émergence des Okafor, Vargas ou Itten, cela m’a fait penser à 2011, quand Xhaka, Shaqiri, Rodriguez et autres, qui sortaient d’une finale à l’Euro M21, sont venus bouffer (sic!) les Huggel, Streller ou Frei.»

«Pas mal de nations, comme l’Écosse, la Hongrie ou tant d’autres, aimeraient être à notre place»

Claude Ryf, entraîneur national à l’ASF
Claude Ryf, ici en février 2012, lorsqu’il était sélectioneur de l’équipe de Suisse M18.

Claude Ryf, ici en février 2012, lorsqu’il était sélectioneur de l’équipe de Suisse M18.

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Entraîneur national à l’ASF, et à ce titre en charge de la supervision des sélections M15 à M21, Claude Ryf ne peut que se réjouir de cette émergence: «Il y a eu la génération des champions d’Europe M17 (2002), celle des champions du monde M17 (2009), puis celle des finalistes de l’Euro M21 (2011), et en voici une nouvelle! C’est la preuve que l’investissement de l’ASF, qui verse – ne l’oublions pas – entre 7 et 9 millions aux clubs pour former des joueurs, n’est pas inutile.»

Ryf souligne la constance des résultats suisses: «Depuis 2004, on n’a pas raté une phase finale à l’exception de l’Euro 2012. Avec la qualification d’hier, cela fait neuf sur dix. Pour un pays comme le nôtre, c’est juste exceptionnel. Et pas mal de nations, comme l’Écosse, la Hongrie ou tant d’autres, aimeraient être à notre place.»

Pour autant, Claude Ryf n’estime pas qu’il faille tout miser sur les jeunes qui ont été décisifs ces derniers jours et reléguer les joueurs cadres qui étaient blessés aux oubliettes. «Le débat n’est pas là. Pour un Xhaka titulaire à Arsenal ou un Akanji incontestable à Dortmund, une place de titulaire en équipe de Suisse ne se discute pas. Simplement, le travail effectué en matière de formation a permis à Murat Yakin de se passer de cinq à sept joueurs établis sans que le rendement de l’équipe n’en soit affecté. La nouveauté, c’est peut-être cette nouvelle profondeur de banc: on a l’impression qu’il y a plus de joueurs à même d’aller chercher un résultat. Prenez Okafor: comment imaginer qu’il n’ait que trois sélections au compteur quand on voit ce qu’il a fait lundi soir à Lucerne? Cette nouvelle donne pousse aussi les joueurs plus expérimentés à se remettre en question: ils savent que derrière eux, ça se bouscule au portillon.»

«La Suisse est devenue une nation du foot qui compte sur l’échiquier mondial»

Michel Pont, ancien entraîneur assistant de l’équipe de Suisse
Michel Pont (à g.), ici le 25 juin 2014 aux côtés d’Ottmar Hitzfeld à Manaus (Brésil), lors du match de Coupe du monde Suisse – Honduras.

Michel Pont (à g.), ici le 25 juin 2014 aux côtés d’Ottmar Hitzfeld à Manaus (Brésil), lors du match de Coupe du monde Suisse – Honduras.

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Michel Pont évoque un «avenir radieux» pour cette équipe de Suisse. «Murat a un choix très large, et c’est ce que demande tout sélectionneur. Tous les joueurs, les plus vieux comme les plus jeunes, sont complémentaires. On a vraiment un outil qui doit nous permettre de viser très haut.»

Aussi haut qu’une victoire en finale de Coupe du monde, comme l’a laissé sous-entendre le président de l’ASF Dominique Blanc ce mardi matin? «Mais pourquoi pas? La Suisse est devenue une nation du foot qui compte sur l’échiquier mondial, il faut qu’on s’en rende compte une bonne fois pour toutes. Cette année, on a éliminé le champion du monde en 8e de finale de l’Euro et on a terminé devant le champion d’Europe en qualifications pour le Mondial: on ne peut donc qu’admettre que la Suisse est devenue une grande équipe.»

Une équipe capable de faire rêver toute une nation. Vivement l’hiver prochain!

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