BasketballNatan Jurkovitz: «On ne méritait pas d’être éliminé»
L’ailier garde un goût amer de l’élimination en pré-qualification du Mondial 2023, mais il tire un bilan positif de cette fenêtre internationale, la première sous Ilias Papatheodorou.
- par
- Brice Cheneval
Deux points, inscrits ou évités. C’est tout ce qu’il a manqué à la Suisse pour valider sa présence en qualification de la Coupe du monde 2023. La Nati s’est classée 3e et dernière de son groupe de pré-qualification, alors que seuls les deux premiers poursuivent leur route. Mais la lecture du classement laisse d’énormes regrets. Les trois équipes totalisent 6 points chacune, avec deux victoires et deux défaites, et le «cut» s’est fait à la différence de points: +7 pour la Macédoine du Nord, première à l’arrivée, -3 pour la Slovaquie, deuxième, et… -4 pour la Suisse. Autant dire une poussière à l’échelle du basket.
Tout s’est joué à l’issue du dernier match, entre la Macédoine du Nord et la Slovaquie, mercredi soir. Afin que la Suisse soit qualifiée, il fallait que les Slovaques s’imposent avec un écart maximum de 14 points (pour ne pas dépasser les Suisses), ou de minimum 28 (pour reléguer la Macédoine du Nord à la dernière place). Largement battue par le même adversaire quatre jours plus tôt (47-69), la Slovaquie a créé l’exploit en l’emportant de… 16 points (88-72).
Sur le chemin du retour, Natan Jurkovitz et ses partenaires ont suivi la rencontre en direct. Le scénario et le score final les ont forcément frustrés. «On était encore qualifié à 20 secondes de la fin puisqu'il y avait alors 14 points d’écart, raconte l’ailier revenu à Fribourg Olympic au début de l’été. On était dégoûté. La Slovaquie n’avait rien à perdre mais, surtout, la Macédoine du Nord est complètement passée à côté.»
Il est tentant de rejeter l’élimination de la Nati sur ce résultat défavorable. «Mais on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes», rectifie Jurkovitz. La faute, en particulier, à cette victoire au goût amer face à la Slovaquie mardi (65-60). Alors qu’elle possédait jusqu’à 20 points d’avance en fin de troisième tiers-temps, la Suisse s’est effondrée. «Si on gagnait de 10 points, on passait. On avait les cartes en main et on a laissé l’adversaire revenir. La qualif’, on la perd sur ce run», affirme l’ancien joueur des Lions de Genève.
Ce dernier va même plus loin: «On était la meilleure des trois équipes, celle qui a montré le meilleur basket, avait les meilleurs joueurs… Contre la Macédoine du Nord lundi (ndlr: 61-67), on a l’impression d’avoir donné la victoire.»
Objectif Euro 2025
La Suisse présentait toutefois plusieurs circonstances atténuantes: un calendrier ramassé (4 matches en 5 jours), un groupe remodelé (plusieurs cadres dont les frères Mladjan sont partis, remplacés par des jeunes tels que Selim Fofana et Toni Rokac) et, surtout, un nouveau sélectionneur à la barre en la personne d’Ilias Papatheodorou.
Pour sa première fenêtre internationale, le Grec n’était pas placé dans les meilleures conditions. Mais le bilan global est tout de même positif. «Aucun d’entre nous n’était habitué à son style de coaching. Lors des premiers matches, on a fait plein d’erreurs bêtes puis on s’est habitué petit à petit, indique Natan Jurkovitz. On a fait de très belles choses. Entre le début et la fin de la préparation, c’est le jour et la nuit. Le coach lui-même était surpris de notre attitude, il a adoré travailler avec nous et nous, on a hâte de rejouer pour lui. On ne méritait pas d’être éliminé. Si on oublie le résultat final, c’est vraiment positif.»
Après quelques semaines de collaboration, l’ailier place déjà son sélectionneur au plus haut niveau de ce qu’il a connu. «Avec lui, tout est une question de détails, témoigne-t-il. Par exemple sur pick and rolls, lorsqu’un grand vient faire l’écran, il doit se positionner dans un angle précis. À la vidéo, on peut regarder cinq fois la même action. C’est impressionnant de le côtoyer, on voit qu’il a coaché au haut niveau.»
De bon augure pour la suite, donc. La Fédération helvétique a fixé l’objectif de participer à l’Euro 2025 et, à ce titre, l’expérience emmagasinée cet été devrait se révéler précieuse. «On en a manqué sur cette fenêtre, concède Jurkovitz. Face à la Slovaquie, on courait tête baissée vers le panier alors qu’on aurait dû calmer le jeu. Mais c’est normal, on a été renforcé par quelques jeunes, il faut en passer par là. Je suis très confiant pour le futur.»
L’immense déception vécue il y a quelques heures est peut-être le début d’une grande aventure.