RépressionUn célèbre artiste dissident quitte Hong Kong pour Taiwan en chanson
Kacey Wong a fui mardi l’ex-colonie britannique pour retrouver la «liberté». Il a annoncé son départ en interprétant «We’ll Meet Again» dans une vidéo en noir et blanc.
L’un des artistes les plus célèbres de Hong Kong a annoncé mardi qu’il avait déménagé à Taiwan, pour fuir la répression de la dissidence et retrouver une «liberté totale».
«Partir n’est pas facile, rester est aussi difficile»
Le départ de Kacey Wong est un nouveau coup porté à la réputation de Hong Kong, autrefois considérée comme un lieu privilégié d’expression et de liberté artistique.
Kacey Wong, 51 ans, a publié sur Facebook une vidéo en noir et blanc dans laquelle il interprète l’ode mélancolique de Vera Lynn «We’ll Meet Again» (+Nous nous reverrons+).
«Partir n’est pas facile, rester est aussi difficile», a-t-il écrit.
Dans une interview accordée au site internet Hong Kong Free Press, M. Wong a confirmé avoir fui Hong Kong pour des raisons politiques, invoquant le recul des libertés depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale, imposée par la Chine l’an dernier pour étouffer toute dissidence.
«Je veux et j’exige une liberté à 100%»
L’artiste est connu pour ses oeuvres visuelles contemporaines, militantes et politiques. Dans l’une de ses performances, intitulée «The Patriot», en 2018, il a interprété l’hymne national chinois à l’accordéon, à l’intérieur d’une cage métallique rouge.
En 2020, les autorités ont adopté des lois controversées prévoyant des peines sévères contre quiconque commettrait un outrage contre «La marche des volontaires», l’hymne national chinois, ou contre le drapeau chinois.
«Je veux et j’exige une liberté à 100%, sans compromis», a déclaré Kacey Wong à Hong Kong Free Press.
En juin, Wong a distribué des centaines de bouts de bougies provenant de précédentes commémorations de la répression meurtrière de Pékin sur la place Tiananmen, après l’interdiction des commémorations publiques par les autorités de Hong Kong.
Censure et accusation de corruption
Les arts ne sont pas épargnés par la loi sur la sécurité, adoptée pour éradiquer le mouvement pro-démocratie après les grandes manifestations de 2019 dans l’ex-colonie britannique.
Les films doivent désormais être censurés pour tout contenu enfreignant la loi et de nombreux livres ont été retirés des rayons de librairie.
Lundi, un célèbre chanteur, Anthony Wong Yiu-ming, a été inculpé de corruption pour avoir chanté lors d’un meeting électoral organisé par un candidat pro-démocratie il y a trois ans.
Deux auteurs d’un livre pour enfants comparant les partisans de la démocratie à des moutons entourés de loups ont été inculpés de sédition le mois dernier.
Malgré cela, la cheffe de l’exécutif à Hong Kong, Carrie Lam, a estimé récemment que la liberté d’expression était intacte.
«Je vous pose honnêtement la question suivante: quelle sorte de libertés avons-nous perdues, quelle sorte de dynamisme a été érodé à Hong Kong?» a-t-elle déclaré dans une émission de radio fin juillet.
Un média part pour Singapour
Le média hongkongais Initium a annoncé mardi sa délocalisation à Singapour, invoquant le recul de la liberté de la presse dans la ville.
Initium est le premier organe de presse hongkongais à quitter le centre financier en raison de la répression de la dissidence par les autorités.«Au cours des six dernières années, le chemin vers la liberté est devenu plus difficile et plus dangereux, le monde est de plus en plus polarisé et antagoniste», a écrit Susie Wu, rédactrice en chef d’Initium, dans un article à l’occasion de son sixième anniversaire.
Elle a mentionné le recul régulier de Hong Kong dans les classements annuels de la liberté de la presse et la montée des «petits roses» – qui désigne les nationalistes exprimant leur colère en ligne – en Chine continentale.
Initium est un journal en langue chinoise, relativement peu important, qui compte quelque 60’000 abonnés payants.