Football: Commentaire: Jérémy Frick est le meilleur des capitaines

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FootballCommentaire: Jérémy Frick est le meilleur des capitaines

Ce mercredi soir, en quarts de finale de la Coupe de Suisse face à Delémont, Jérémy Frick défendra la cage servettienne. C’est le lot habituel des gardiens numéro deux. Une situation que le capitaine grenat accepte avec une exemplarité rare.

Florian Müller
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Florian Müller
Capitaine du Servette FC, Jérémy Frick défendra le but grenat ce mercredi soir à Delémont.

Capitaine du Servette FC, Jérémy Frick défendra le but grenat ce mercredi soir à Delémont.

Urs Lindt/freshfocus

«Ô capitaine, mon capitaine». Pour lui, on brave les interdits, on défie l’autorité, on monte au front. Et pourquoi pas grimper sur le pupitre et rejouer la scène du «Cercle des poètes disparus»: Jérémy Frick, gardien et capitaine exemplaire du Servette FC, ferait du bien à n’importe quel vestiaire de Suisse, voire du monde.

Un homme droit, vague à l'âme mais cœur vaillant, jamais un mot plus haut que l’autre même dans la plus intenable des situations. Un homme digne et responsable, qui a accepté la pire des situations pour le bien d’un groupe, de son groupe. 

Souviens-toi l’été dernier, un film d’horreur. La faute à une blessure, et aussi à un numéro deux - Joël Mall - qui a su saisir sa chance, il se voyait rétrogradé au rang de gardien remplaçant. Enfin pas vraiment, puisque très officiellement incorporé dans un tournus de numéros uns. Le championnat pour Mall, les Coupes pour Frick: voilà le compromis de René Weiler. 

On en connaît qui ont claqué la porte pour moins que ça, force stupeur et tremblements.

En l’état, pour un gardien titulaire indiscutable, qui plus est pour un homme habitué à porter le brassard, un affront. Surtout après une (presque) décennie de bons et loyaux services, où Frick a toujours «livré la marchandise», comme l’assure radio buvette. On en connaît qui ont claqué la porte pour moins que ça, force stupeur et tremblements.

Quel capitaine aurait accepté de se voir déclasser de la sorte, sinon humilié, sans jamais ouvertement s’en plaindre, du moins en public? Dans ce football qui plante les collectifs pour mieux cultiver les égos, le moment est rare. Il faut l'apprécier à sa juste valeur, se délecter de voir un homme accorder plus d’importance au tableau dans son entier plutôt qu’à son petit coup de pinceau personnel.

Jérémy Frick a serré les dents pour éviter de gueuler, sans doute, mais surtout pour mieux fermer les bouches: il a préféré répondre sur le terrain. Jeudi dernier encore, il a multiplié les envolées pour garder sa cage inviolée et qualifier le Servette FC pour les huitièmes de finale de la Conference League.

Qui peut s’asseoir à la table de Jérémy Frick et dire «je suis un meilleur capitaine que toi»?

Après le match, par contre, pas d’envolées revanchardes, un discours tout en retenue: «Je suis professionnel. Je pars du principe que je joue chaque match et je ne pars jamais dans l’idée que je vais être remplaçant.»

Qui peut s’asseoir à la table de Jérémy Frick et dire «je suis un meilleur capitaine que toi»? Le Genevois est exemplaire, sur le terrain et dans le vestiaire, mais plus encore dans les mots et dans l’attitude. 

Toujours en lice pour un triplé inédit (Super League, Coupe de Suisse et Conference League), Servette n’est toutefois pas certain d’empocher un titre pour couronner cette saison royale.

Quoique, celui - symbolique - du meilleur collectif de Suisse lui revient d’ores et déjà de droit: le plus soudé, le plus flexible, le plus résilient aussi. Comme le veut l’usage, et plus que jamais dance ce cas précis, c’est au capitaine de soulever ce trophée.

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