Les très riches heures du laisser-aller valaisan

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HumeurLes très riches heures du laisser-aller valaisan

Gouvernance des Mondiaux 2027, chantier de l’A9, Ministère public sans gouvernail, arrivée d’Ikea, autant de dossiers qui agitent le Valais.

Eric Felley
par
Eric Felley
Le chantier de l’autoroute dans le Haut-Valais sous le feu des critiques du Contrôle fédéral des finances.

Le chantier de l’autoroute dans le Haut-Valais sous le feu des critiques du Contrôle fédéral des finances.

vs.ch

Moins de deux mois après son entrée en fonction, la directrice générale des Championnats du monde de Crans-Montana 2027, Caroline Kuyper, a annoncé jeudi sa démission. Elle a évoqué des «dysfonctionnements majeurs au niveau de la gestion» et d’un «déséquilibre originel au sein de la gouvernance». La mayonnaise n’a pas pris entre les porteurs locaux du projet et cette femme, qui affichait pourtant un parcours professionnel des plus sérieux. Sans doute que la Vaudoise n’a pas su s’adapter à la culture valaisanne du compromis bien compris: c’est nous qui décidons.

Il n’y a pas d’explication

Autre affaire de dysfonctionnement, le Contrôle fédéral des finances a publié mercredi son rapport d’audit sur l’évolution du chantier de l’A9 dans le Haut-Valais. On a appris qu’un tronçon de 540 mètres de l’autoroute avait été construit avec une largeur insuffisante de 17 à 55 centimètres. Hélas ce défaut de largeur, corrigé depuis à grands frais, n’est qu’un épiphénomène de la culture de l’à-peu-près. Le Service valaisan de la construction des routes nationales est lourdement critiqué pour «des manquements graves et répétés ayant une portée fondamentale et une importance financière significative».

L’expert fédéral doit reconnaître: «Il n’y a qu’en Valais que ça ne fonctionne pas.» Et pourquoi? «Je n’ai pas d’explication», lâche-t-il dans «Le Temps». Du côté de l’État du Valais, il n’y en a pas non plus. On relativise et on regrette surtout que les conclusions de cet audit soient «formulées de manière polémique».

Procureur qui part, mais qui reste

Le 30 janvier dernier, c’est une autre institution valaisanne qui a fait parler d’elle: le Ministère public. Son procureur général, Nicolas Dubuis, a annoncé son retrait. En 2021, il avait pourtant tout fait pour être réélu à la raclette par un Parlement divisé. Mais, à la suite d’un rapport accablant du Conseil valaisan de la magistrature sur la crise du Ministère public, il préfère se retirer. L’ennui, c’est qu’au lieu de partir avec effet immédiat, il annonce qu’il démissionnera d’ici à la fin de l’année. Rien de tel pour motiver les troupes… Jusqu’au bout, il n’aura pas réussi à se défaire de cette impression de laisser-aller.

Des bouchons à Ikea

Enfin, on voudrait finir avec un dossier qui relève de la mobilité. L’enseigne Ikea est en train de construire un nouvel espace de 23 000 m2 à proximité de la commune de Riddes, où se trouve déjà un magasin Hornbach. Mac Donald et la Coop ont également un projet dans le coin. «Le Nouvelliste» de jeudi se pose la question des problèmes de trafic que va poser l’extension de cette zone, qui risque de ressembler à celle engorgée de Conthey.

Eric Duc, chef de la section planification des infrastructures à l’État du Valais, en est conscient: «Le vendredi soir et le samedi en fin de matinée et d’après-midi, la situation risque d’être compliquée», admet-il. L’État a-t-il étudié la question, existe-t-il des scénarios? «Nous avons nos projections, répond-il, mais celles-ci s’appuient sur de nombreux paramètres fluctuants. C’est bien connu, une somme de valeurs imprécises ne donne que rarement un résultat exact.»

Cette formidable réponse illustre si bien la gouvernance à la valaisanne, qui oscille entre l’à-peu-près et le laisser-faire. Les seuls vrais problèmes, ce sont finalement les polémiques inutiles qui gâchent la bonne marche des affaires.

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