FranceLe gouvernement fait dissoudre le mouvement intégriste Civitas
Soutien de la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022, l’organisation catholique extrémiste avait appelé à la violence contre le chanteur Bilal Hassini, icône LGBT +.
Le gouvernement français a acté mercredi la dissolution du mouvement catholique intégriste Civitas, accusé notamment d’appeler à «entrer en guerre contre la République», y compris en recourant «à la force».
«Civitas considère les droits de l’homme comme des outils de destruction de la civilisation chrétienne, Civitas a organisé des rassemblements en hommage à des personnalités emblématiques de la collaboration» avec l’occupant nazi durant la Seconde Guerre mondiale, a déclaré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
Civitas assure de surcroît «la promotion d’une hiérarchie entre les citoyens français avec des thèses clairement antisémites et islamophobes», a-t-il ajouté. Le porte-parole a également critiqué sa vision des LGBT + comme «une communauté néfaste».
Proche de l’extrême droite et de la théorie du complot
Cette dissolution de l’organisation catholique intégriste, très présente sur les réseaux sociaux et dont l’idéologie proche de l’extrême droite flirte parfois avec la théorie du complot, a été proposée et défendue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Fondé en 1999, l’«Institut Civitas» s’inscrit alors dans une lignée traditionaliste, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (fondée par l’évêque français Marcel Lefebvre). Le mouvement sort de l’ombre en 2011 avec des actions spectaculaires contre plusieurs manifestations culturelles, notamment la pièce «Golgotha Picnic» de Rodrigo Garcia, qu’il juge «christianophobe».
Ouvertement homophobe et antisémite
En 2012, Civitas se mobilise activement contre le mariage pour tous, en dénonçant l’«homofolie». Et en 2021, le mouvement participe à des manifestations contre le pass sanitaire instauré dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. L’année dernière, il avait empêché le concert d’une organiste américaine dans une église en Bretagne.
En avril 2022, Civitas avait fait l’objet d’une plainte pour après avoir soutenu l’action d’un collectif catholique extrémiste qui avait proféré, sur les réseaux sociaux, des menaces à l’encontre du chanteur Bilal Hassani, icône LGBT +. L’artiste devait se produire dans une église désacralisée de Metz, dans le nord de la France. Le show avait été annulé.
Mais c’est l’antisémitisme qui a provoqué le lancement de la procédure de dissolution, après des propos en août dernier devant l’université d’été de Civitas de l’essayiste controversé Pierre Hillard. Ce dernier avait suggéré de revenir à «la situation d’avant 1789» (ndlr: la Révolution française) lorsqu’un Juif «ne pouvait pas devenir français». Par ailleurs, Civitas a soutenu la candidature du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022.