Euro en Angleterre: Commentaire: C’était différent, mais c’était drôlement bien!

C'est peut-être un début de syndrome de Stockholm. Ou alors peut-être juste que je me fais vieux, tout simplement. Parce que je commence à comprendre les piliers de bar et les aficionados de la troisième mi-temps. Effectivement, le football féminin, ce n'est pas du «fote», comme on peut l'entendre trop souvent derrière des mains courantes ou le lire sur les commentaires d'articles sur le web.

Sur le terrain, pas de soucis. C'est bien du football. Le match d'ouverture entre l'Angleterre et l'Autriche l'a prouvé. Du jeu de possession, de la technique, de la rapidité dans les transitions, des phases de possession, quelques passes en touche, des gardiennes au point... Donnez aux filles un vrai écrin digne d'un championnat d'Europe et elle rendront une partie agréable et indécise. Il a juste manqué un ou deux buts pour que la fête soit totale. Même si les Anglaises, avec déjà trois points au compteur, s'en fichent un peu ce jeudi.

Ce football est différent, pour tout ce qu'il a drainé autour du stade d'Old Trafford, rempli de plus de 68'000 spectateurs mercredi soir, un record à ce niveau-là (c’est un tiers de l’intégralité des billets vendus aux Pays-Bas en 2017!). Ceux qui voyagent régulièrement depuis la Suisse pour aller voir leur équipe préférée outre-Manche ou à travers l'Europe verront où je veux en venir. Pas de police montée ultra visible. Pas de robocops agressifs. Pas de démarcation entre les supporters des deux formations. Que des sourires.

Le public est tellement différent de «d'habitude» que c'en était presque choquant. Dans le stade comme en-dehors. Près de la moitié des tickets ont été vendus à des femmes, normal. Et près d'un quart des billets a été pris par des moins de 16 ans. On a même vu des parents partir à la mi-temps. Ils voulaient montrer le match à leur fille, mais le temps de rentrer et c’était déjà l’heure du coucher depuis longtemps.

Du coup, dans l'honorable Old Trafford, la sonorité était bien plus aiguë que d'habitude. Même les adversaires sont applaudis et chaque contrôle de balle dans le bon sens était suivi de cris stridents.

Alors non, je ne vais pas vous dire que je n'aime pas une partie un peu chaude, avec des banderoles qui piquent entre ultras au deuxième ou au  troisième degrés. Je ne vais pas renier qu'une rencontre avec des supporters qui craquent des torches, chantent même à 0-4 pour leurs couleurs et font un défilé à travers la ville avant le match sont un des meilleurs moments que je peux passer dans la vie. Mais ce moment était juste différent et c'était très intéressant. Je crois même que j'ai aimé ça. C'était autre chose. C'était bien.

Sérieusement, en me relisant, on dirait que j'ai trompé ma copine...