AfghanistanManifestation à Paris: «Afghan lives matter», «sauvez notre famille»
Alors que le pays est tombé il y a une semaine aux mains des talibans, des manifestants, afghans pour la plupart, réclament l’évacuation de familles menacées.
Quelques centaines de manifestants, en majorité afghans, ont réclamé dimanche à Paris «l’évacuation immédiate» vers la France de familles afghanes menacées, une semaine après la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, a constaté une journaliste de l’AFP.
«Nous demandons le rapatriement tout de suite de toutes les familles et de toute personne en danger» en Afghanistan, a expliqué à l’AFP un réfugié afghan de 31 ans, Ezat, travailleur social dans un centre d’hébergement en France, se disant «très inquiet». Sur les pancartes et banderoles, on pouvait lire : «Évacuation maintenant», «Afghans bienvenue» ou, en anglais, «Save our family» (sauvez notre famille) et «Afghan lives matter» (les vies des Afghans comptent).
«On est là pour nos familles, elles ne sont pas sécurisées là-bas, on voudrait qu’elles viennent ici, si elles restent, elles vont mourir», a assuré Muhammad Younas, 24 ans, employé dans le secteur du nettoyage. «Une catastrophe humanitaire est en route, il faut l’empêcher dès maintenant, ouvrir des couloirs humanitaires pour que les gens qui veulent sortir puissent sortir», a lancé au micro Reza Jafari, président de l’association Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs, coorganisatrice du rassemblement.
«Situation terrible»
«La situation en Afghanistan est vraiment terrible», a témoigné Osman Ahmadi, arrivé en France il y a dix ans et dont l’épouse se trouve encore sur place. Depuis que les talibans ont pris le pouvoir, «ils ont petit à petit commencé les fouilles dans les maisons», assure l’ancien journaliste afghan, pour lequel les talibans «n’ont pas changé».
Une manifestante française Diane Villemin, étudiante en sciences politiques ayant récemment séjourné deux mois en Afghanistan, a exprimé son inquiétude pour ses amis bloqués à Kaboul: «J’ai une copine qui était enfermée chez elle, qui a vu les talibans frapper à chaque porte en demandant qui avait travaillé avec le gouvernement. Donc elle s’est enfermée dans la chambre de ses parents en cachant son téléphone et son ordinateur (...), toute preuve de travail avec des organisations même locales».
Pont aérien
Les associations organisatrices de la manifestation demandent une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, «dès cette semaine». Dans un entretien publié par le Journal du Dimanche, M. Le Drian a assuré que «Tous les cas (d’Afghans voulant être exfiltrés) qui se sont manifestés – et leur nombre s’allonge de jour en jour avec des centaines de noms – s(er)ont instruits». «Tant que l’aéroport (de Kaboul) reste ouvert, tant que nos personnels y sont en sécurité, nous restons. Notre responsabilité morale collective est de faire en sorte que les Afghans menacés en raison de leurs engagements antérieurs soient évacués», a dit M. Le Drian.
Depuis l’instauration du pont aérien mis en place après la chute de Kaboul dimanche, l’armée française a transporté jusqu’à Paris plus de 600 personnes sur cinq vols, dont une large majorité d’Afghans. Un sixième vol est attendu dimanche soir. La réunion virtuelle des dirigeants du G7 sur la situation en Afghanistan se tiendra mardi, a annoncé dimanche le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays assure actuellement la présidence du «groupe des 7» (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni).