Fusion de grandes banquesUBS annonce 3000 postes supprimés chez Credit Suisse
La banque aux trois clés avait racheté sa rivale qui se trouvait en très grande difficulté financière le 19 mars dernier. L'enseigne aux deux voiles va disparaître.
- par
- Myrtille Wendling
UBS, nouveau propriétaire de Credit Suisse, a annoncé jeudi l’intégration complète des activités de son rival malheureux, dont l’enseigne va disparaître.
Le géant bancaire UBS a choisi d'«intégrer totalement» sa rivale Credit Suisse en Suisse, dont l’enseigne va disparaître, a-t-il annoncé jeudi. Cette intégration doit entraîner 3000 suppressions de postes en Suisse.
Guy Parmelin s'est exprimé en début d'après-midi au nom de la Confédération pour
«L’intégration complète va renforcer les points forts qui font d’UBS la première banque de Suisse», tout en préservant la concurrence sur le marché helvétique, a affirmé Sergio Ermotti, le directeur général d’UBS, dans un communiqué.
La banque a identifié dans l’immédiat 1000 doublons de postes en Suisse liés à l’intégration de Credit Suisse et 2000 supplémentaires dans les prochaines années, a indiqué Sergio Ermotti.
La plupart des départs s’effectueront à partir de fin 2024 sans licenciement, notamment par des départs en préretraite ou des reclassements au sein du groupe, a poursuivi le dirigeant lors d’une conférence de presse téléphonique.
Réagissant à ces annonces, l’Association suisse des employés de banques (Aseb) a demandé à ce que les 37'000 employés réunis du nouveau géant bancaire en Suisse soient «traités de manière juste et équitable», selon un communiqué.
Dossier complexe
La banque, qui a dû reprendre son ex-concurrente sous la contrainte du Conseil fédéral pour éviter la faillite de celle-ci, veut parachever l’essentiel de son intégration d’ici à fin 2026, indique UBS dans un communiqué. La banque aux trois clés espère à cette date plus de 10 milliards de dollars d’économies provenant de cette fusion.
UBS vise des réductions de coûts brutes d’environ 10 milliards de dollars (8,8 milliards de francs) d’ici fin 2026. Ce montant a été relevé, UBS prévoyant encore en mars des économies de 8 milliards d’ici 2027.
«Deux mois et demi après l’acquisition de Credit Suisse, nous travaillons d’arrache-pied pour mettre en oeuvre l’une des fusions bancaires les plus importantes et les plus complexes de l’histoire», a déclaré Sergio Ermotti, le patron d’UBS, cité dans le communiqué.
Le sort de la branche en Suisse était un dossier épineux et difficile à tracher pour UBS. La banque qui a envisagé jusqu’à sept scénarios, a finalement opté pour une intégration, estimant que Credit Suisse aurait eu du mal à trouver sa place dans le paysage bancaire, a précisé UBS lors d’un point avec la presse.
Bénéfice en forte hausse
Au deuxième trimestre, la première banque de Suisse a engrangé un bénéfice net de 29,2 milliards de dollars, sans comparaison avec le bénéfice de 2,1 milliards de dollars dégagé au deuxième trimestre 2022, les résultats d’UBS étant déformés cette année par des éléments exceptionnels, a-t-elle annoncé jeudi.
Credit Suisse a pour sa part essuyé une perte avant impôts de 8,9 milliards de francs.
Au total, les deux banques employaient ensemble environ 120'000 collaborateurs dans le monde fin 2022, dont 37'000 en Suisse. Mais les départs se sont multipliés depuis l’annonce de leur fusion.
Le sort d'UBS changé
UBS avait accepté en mars de racheter Credit Suisse sous la pression de la Confédération et finalisé son rachat en juin.
La banque a déjà commencé à payer les pots cassés pour Credit Suisse en acceptant en juillet de verser auprès de la banque centrale américaine et de la Banque d’Angleterre 387 millions de dollars pour régler une amende due pour la mauvaise gestion du fonds américain Archegos.
Mi-août, UBS avait toutefois rassuré en annonçant qu’elle renonçait aux mesures de soutien de l’Etat et de la Banque nationale suisse (BNS), estimant qu’elles n’étaient plus nécessaires.
Ce rachat sous la contrainte change diamétralement le sort d’UBS, qui avait dégagé en 2022 un copieux bénéfice net de 7,6 milliards de dollars, un de ses meilleurs résultats depuis la crise financière de 2008, contre une perte colossale de 7,3 milliards de francs pour Credit Suisse.