IsraëlRépression violente d’une manifestation d’opposants à la réforme judiciaire
Les manifestants sont opposés à la réforme judiciaire portée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qu’ils jugent anti-démocratique.
Des affrontements ont opposé mercredi à Tel-Aviv la police et des manifestants opposés à la réforme judiciaire portée par le gouvernement et qu’ils jugent anti-démocratique, tandis que le Parlement a adopté en lecture préliminaire deux nouveaux projets de lois controversés.
Lors d’une manifestation mercredi à Tel-Aviv contre la réforme, au cours de laquelle plusieurs rues et voies de circulation ont été bloquées, la police a utilisé des canons à eau et des grenades assourdissantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des policiers à cheval ont également tenté de disperser la foule. Dans un communiqué, la police a indiqué avoir arrêté 39 personnes pour troubles à l’ordre public. Onze manifestants blessés ont été pris en charge à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv, a déclaré le porte-parole de cet établissement à l’AFP.
«Pour la démocratie»
«Je suis ici pour la démocratie, pour les droits humains et pour la justice», dit à l’AFP Johann Kanal, un manifestant de 39 ans. «Nous bloquons tous les carrefours, nous arrêtons la circulation dans tout le pays dans l’espoir que le gouvernement actuel comprenne que nous sommes très sérieux et que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour changer la voie qu’il emprunte», déclare Dina Niron, avocate de 51 ans de Tel-Aviv.
«Le droit de manifester n’est pas le droit de bloquer le pays», a réagi mercredi soir le premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Jérusalem. Selon lui, les manifestants ont franchi «une ligne rouge». «Un pays souverain ne peut pas tolérer l’anarchie», a-t-il ajouté. Il avait apporté plus tôt mercredi son soutien aux policiers.
Cette nouvelle manifestation intervient alors que la Knesset (Parlement) israélienne réunie le même jour en séance plénière a adopté en lecture préliminaire une nouvelle loi dans le cadre de la reforme de la justice, annoncé début janvier par le gouvernement que Benjamin Netanyahu a formé en décembre avec des partis d’extrême droite et des formations ultra-orthodoxes juives.
Réduire l’influence du pouvoir judiciaire
Les députés ont adopté par 62 voix contre 20 sur les 120 que compte le Parlement, un projet de loi qui vise à restreindre les possibilités de destitution d’un premier ministre. Celle-ci ne sera possible que si au moins 90 députés y sont favorables et seulement en cas d’inaptitude physique ou mentale.
Selon la procédure, la proposition doit passer par une commission du Parlement, qui décidera de la soumettre à un vote en première lecture. Selon les détracteurs de la réforme, elle vise à réduire l’influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, menaçant l’équilibre des pouvoirs et le caractère démocratique de l’État d’Israël.
Mais Benjamin Netanyahu et son ministre de la Justice Yariv Levin l’estiment nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le premier ministre et ses alliés jugent politisée. Les députés ont par ailleurs adopté en lecture préliminaire un texte de loi visant à infliger «la peine de mort aux terroristes», par 55 députés contre 9.
La peine capitale pour les terroristes est depuis longtemps réclamée par certains députés d’extrême droite, mais elle n’a jamais trouvé suffisamment de soutien pour devenir une loi. Le texte aurait toutefois peu de chances d’être adopté en Israël – où la peine de mort n’a été appliquée qu’une fois par la justice civile, à l’encontre du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, en 1962 – les formations ultra-orthodoxes étant enclines, pour des raisons religieuses, à voter contre.