GuerrePrès de Prague, un camping propose un repas ukrainien fait par des réfugiées
La République tchèque a déjà accueilli plus de 270’000 personnes fuyant l’Ukraine. Certains ont pu ouvrir un restaurant improvisé grâce au patron d’un camping.
Près de Prague, un camping hébergeant des réfugiés fraîchement arrivés a ouvert un restaurant ukrainien, tenu par des femmes qui ont fui l’invasion russe de leur patrie. Borsch, golubtsy (choux farcis), bograch (ragoût) ou pampuschki (petits pains à l’ail) sont désormais au menu de ce lieu improvisé à Revnice, au sud-ouest de Prague.
«J’ai décidé d’héberger des réfugiés ukrainiens après avoir bu une bouteille de tequila le 24 février, lorsque la guerre a éclaté.»
«J’ai décidé d’héberger des réfugiés ukrainiens après avoir bu une bouteille de tequila le 24 février, lorsque la guerre a éclaté», raconte Stefan Orsos, qui a racheté le camping il y a deux ans. L’homme de 49 ans y dirigeait un restaurant majoritairement asiatique, jusqu’à ce que son objectif change lorsqu’il a accueilli une quarantaine de réfugiés ukrainiens, dont plus de la moitié étaient des enfants. «Nous accueillons des femmes sans aucun lien avec la République tchèque», dit Stefan Orsos. «Nous avons aussi des Roms ukrainiens que personne ne veut héberger et des malades.»
Joli succès
Stefan Orsos avait ouvert ce restaurant improvisé après avoir été privé, par la pandémie de Covid-19, de l’organisation de festivals gastronomiques, son travail précédent. Le menu comprenait des soupes vietnamiennes pho et d’autres plats asiatiques aux côtés de pizzas. «Nous avons dû improviser quand le Covid a commencé, nous avons perdu nos emplois. Et maintenant, nous venons d’improviser à nouveau avec ce restaurant ukrainien, qui fait aussi d’autres plats, mais le noyau est ukrainien», ajoute le patron.
«Nous voulons raconter l’histoire de notre cuisine.»
«Nous voulons raconter l’histoire de notre cuisine, nous préparons et proposons donc notre cuisine ukrainienne», témoigne Inna Ilinskaïa, originaire d’Odessa, ville portuaire du sud de l’Ukraine. Le restaurant local a déjà proposé des golubtsy et des pelmenis, sorte de raviolis à la viande. «Nous voulons aussi faire des vareniki», un autre type de raviolis, ajoute-t-elle alors que le restaurant du jardin se remplit d’habitants désireux d’essayer des mets inconnus.
«J’adore l’idée et le borsch était tout simplement fantastique. Je reviendrai à coup sûr», assure Veronika Stara, une habitante de Revnice, après y avoir goûté. «Les dames ont vraiment l’air de savoir ce qu’elles font.»
«Nous sommes reconnaissants d’être ici»
Mère de cinq enfants, Inna Ilinskaïa est arrivée en République tchèque avec son mari et compte s’y installer. Pays membre de l’Union européenne de 10,7 millions d’habitants, qui comptait une importante minorité ukrainienne avant le déclenchement de la guerre, il a jusqu’à présent accueilli plus de 270’000 réfugiés d’Ukraine.
La sœur d’Inna est restée à Odessa. «Je sais que c’est terrible là-bas. Nous avons réussi à partir plus tôt pour que nos enfants ne voient pas vraiment ce qui s’y passe maintenant», confie-t-elle. «Nous sommes vraiment reconnaissants d’être ici.»