CommentaireRedevance SSR à 200 francs: éviter que cela dégénère
Ce dimanche, le patron de la SSR a parlé d’une «attaque contre la Suisse». Aux politiques de calmer le jeu.
- par
- Eric Felley
Au mois de juin dernier, le conseiller national Thomas Matter (UDC/ZH), un des fers de lance de l’initiative pour faire baisser la redevance SSR à 200 francs, a annoncé qu’elle avait obtenu les 100’000 signatures requises. Les initiants ont jusqu’au 1er décembre 2023 pour la déposer à la Chancellerie fédérale. Cette initiative s’inscrit dans la suite de l’initiative No Billag, qui a été rejetée en mars 2018 par 71,6% des votants.
Le patron de la SSR, Gilles Marchand, s’est exprimé dimanche dans le «SonntagsBlick» pour dire que cette initiative était «une attaque contre la Suisse et sa diversité». Le budget de la SSR se verrait divisé par deux et l’impact sur l’entreprise, qui compte 5500 postes à plein temps, sera forcément douloureux, en particulier pour l’emploi. Sur le fond, c’est la diversité de l’offre publique qui serait mise à mal et une certaine homogénéité de la Suisse.
Le fait est que, contrairement à No Billag trop radicale, cette initiative a des chances de passer dans le climat ambiant. Sur quel soutien politique la SSR pourra-t-elle compter? Doris Leuthard n’est plus là pour défendre la maison. C’est l’UDC Albert Rösti qui a repris le poste. Ceux qui s’engageront vont au-devant d’un combat très pénible et hargneux. La campagne autour No Billag a été une des plus dures que la Suisse a connue. Et franchement, on pourrait s’éviter de rejouer cette très mauvaise pièce.
37 centimes de moins par jour
L’initiative promet au ménage de payer 135 francs de moins, soit 37 centimes de moins par jour et plus rien pour les entreprises. Mais elle s’inscrit surtout dans un contexte politique. Les initiants (UDC, USAM et jeunes PLR) font le perpétuel procès d’une SSR qui servirait trop les intérêts de la gauche. La télévision publique est une nouvelle fois mise sous pression et prise en otage par la droite libérale. La conséquence est que ça l’empêche de travailler sereinement et cela contamine tous les médias autour du rôle central que joue la SSR dans l’information.
Pour éviter que cela dégénère comme en 2018, il en va de la responsabilité du Parlement et des partis de calmer le jeu. Au moment de traiter cette initiative aux Chambres fédérales, les parlementaires devront être créatifs. Ils pourraient élaborer un contreprojet avec une réforme complète du financement de la SSR. Dans ce contexte, ils pourraient même aller jusqu’à supprimer la redevance!