Libre circulationLa Croatie au seuil de l’espace Schengen
Jeudi, Croatie, Roumanie et Bulgarie sauront si elles adhèrent à la zone de libre circulation en Europe. Pour Zagreb, un oui de l’UE profiterait au tourisme.
La Croatie sera fixée, jeudi, sur la question de son adhésion à l’espace Schengen. Si elle intègre cette vaste zone de libre circulation, les gigantesques files d’attente de véhicules à ses frontières avec la Hongrie et la Slovénie ne seraient plus qu’un lointain souvenir. Le pays s’attend à une réponse positive dont les effets entreront en vigueur au 1er janvier et profiteront au tourisme, secteur clé de l’économie croate. Pour rappel, début 2023, la Croatie rejoindra en outre la zone euro.
Le même jour, les ministres de la Justice de l’Union européenne décideront également de l’entrée dans Schengen de la Roumanie et de la Bulgarie.
Si la Croatie rejoint cette zone – un espace de libre circulation pour plus de 400 millions de personnes en Europe –, cela mettrait fin aux files d’attente de plusieurs kilomètres au passage frontière de Bregana, entre la Croatie et la Slovénie. «Le 1er janvier, nous allons lever les barrières et la circulation sera libre», a déclaré le chef de la police croate des frontières, Zoran Niceno, anticipant une réponse positive. Dans les aéroports, la décision entrerait en vigueur le 26 mars, pour des raisons techniques.
Pros du tourisme et transporteurs «ravis»
La libre circulation représenterait un sérieux atout pour le tourisme, un secteur clé de l’économie du pays de 3,9 millions d’habitants, en facilitant l’arrivée des visiteurs, a noté, récemment, le chef de l’Office de tourisme national, Kristjan Stanicic. La Croatie a accueilli cette année quatre fois plus de touristes qu’elle ne compte d’habitants. «Tous les transporteurs routiers seront ravis», a prédit Vladimir Jurcec, de l’Association nationale des transporteurs. «Plus de queues, plus à passer des heures à attendre», s’est réjoui Filip Svetlicic, chauffeur de camion.
Depuis que le pays a rejoint l’UE, en 2013, il a hérité de la lourde tâche de protéger une frontière extérieure terrestre longue de plus de 1350 kilomètres. Il a graduellement mis en œuvre les règles Schengen à ses frontières avec les pays non membres de l’UE. Il ne devrait donc pas y avoir de changements majeurs après le 1er janvier.
Gérer les migrants, un défi
Reste le défi des migrants. Un des principaux points sensibles du dossier croate est la capacité de sa police à gérer ses frontières avec ses voisins non membres de l’UE (Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Serbie). Après le reflux des passages clandestins lié à la crise sanitaire, la Croatie a enregistré 30’000 migrants illégaux au cours des dix premiers mois de 2022, soit une augmentation de 150% par rapport à la même période de l’année précédente. Des ONG et médias ont à maintes reprises rapporté des violences de la part de la police, ce que démentent les autorités à Zagreb.