FootballAprès les débordements lors de LS-Servette, les autorités frappent fort
Les supporters vaudois et genevois sont privés de tribune pour leur prochain match à domicile. Et le prochain derby se disputera à huis clos.
- par
- Valentin Schnorhk
Le football suisse prend le pli de la répression lourde et collective à l’égard des supporters. En effet, tant le Lausanne-Sport que Servette devront jouer leur prochaine rencontre respective à domicile face à une tribune vide. Aussi, leur prochain duel prévu cette saison se disputera à huis clos.Les deux clubs lémaniques n’ont ainsi pas été épargnés par les autorités après les faits de violence intervenus en marge du derby de samedi dernier dans la capitale vaudoise.
Concrètement, cela signifie que la Tribune Nord du Stade de Genève sera fermée ce dimanche, lorsque les Servettiens recevront Lugano. Concernant le LS, le Bloc D du Stade de la Tuilière sera lui rendu impossible d’accès pour la réception de Saint-Gall le samedi 20 janvier prochain. Surtout, le prochain derby lémanique, qui aura lieu ce printemps à une date encore indéterminée, se tiendra à huis clos. Et si elles devaient s’affronter une quatrième fois cette saison - ce qui serait le cas si les deux clubs finissaient dans la même partie de tableau au terme de la 33e journée -, alors le public devrait être autorisé.
Une rare sévérité
Ces sanctions, d’une rare sévérité pour le football suisse, émanent du Groupe de travail des autorités chargées de délivrer les autorisations, réuni au sein de la Conférence des directrices et directeurs des départements de justice et police (CCDJP). Il comprend notamment des représentants des cantons, des villes, des forces de polices, de la Swiss Football League (SFL) et des clubs. «Nous avons sollicité ce groupe en coordination avec les autorités genevoises et la ville de Lausanne, car il y avait la nécessité de prendre des mesures fortes», explique Vassilis Venizelos, conseiller d’Etat vaudois en charge de la sécurité. Ce petit monde a tenu séance sur les coups de 6h30 mardi matin, avant que les autorités ne tranchent en faveur de ce scénario.
Pourquoi ont-elles eu la main aussi lourde? Si la rencontre de samedi, disputée dans un climat tendu, a notamment été plusieurs fois interrompue en raison de l’utilisation d’engins pyrotechniques, ce n’est qu’un facteur aggravant. Ce sont les incidents qui ont émaillé l’après-match, lorsque deux camps s’étaient alors respectivement opposés aux forces de police et de sécurité, avec notamment des jets d’objets et d’engins pyrotechniques, qui sont visés. Un policier avait été légèrement blessé, et des nombreux dégâts matériels recensés.
Aussi, ces sanctions interviennent dans un cadre plus global, avec un système en cascade qui pourrait, à terme, aboutir aux billets nominatifs pour lesquels les autorités politiques et les polices poussent depuis plusieurs mois, mais qui se heurtent aux freins mis par les clubs et la SFL. Ceux-ci s’appuient notamment sur des études universitaires qui mettent en cause leur bien-fondé.
«Ramener de la sérénité»
Mais les décisions prises ce mardi interrogent également. Comment expliquer que l’on puisse punir plusieurs milliers de personnes pour les agissements d’une petite minorité? «Il est très difficile d’identifier des personnes masquées ou cachées par de la fumée, admet Vassilis Venizelos. Les mesures qui privent des personnes qui ne sont pas à l’origine des problèmes ne sont pas l’objectif à terme, mais il faut probablement passer par elles pour ramener de la sérénité dans les stades».
Demeure une question: qu’est-ce qui empêcherait les supporters privés de leur tribune de se rendre dans une autre partie du stade dimanche à la Praille ou le 20 janvier à la Tuilière? La vente de billets pour ce match doit être gelée avec effet immédiat, expliquent les autorités. Qu’en disent les clubs concernés? Mardi soir, ils n’avaient toujours pas été informés officiellement. Mais Servette a fait savoir qu’il agirait «de manière responsable» et qu’il appliquerait les mesures.