Vallamand (VD)À 60 ans, il lance un festival de metal
La première édition de Rock The Lakes aura lieu du 19 au 21 août sur les bords du lac de Morat. Daniel Botteron raconte comment il a réalisé son rêve.
- par
- Laurent Flückiger
Daniel Botteron est un homme heureux. Vendredi, ce chef d’une petite entreprise de construction broyarde de 60 ans verra débarquer presque 2000 personnes à «son» festival. Rock The Lakes, premier du nom, se déroulera du 19 au 21 août sur les bords du lac de Morat, à Vallamand (VD) – dites la ferme d’Otto Lauper, si vous devez demander votre chemin.
«On organise un truc un peu de malades», confie au téléphone ce fan de rock et de metal qui se déplace depuis une trentaine d’années à l’étranger pour voir ses groupes préférés. Il explique avoir toujours été surpris qu’il n’existe aucun festival de ce style en Suisse romande. L’idée de se lancer le titille, d’autant plus qu’il a déjà en tête le lieu, le terrain d’un agriculteur avec une vue imprenable. En 2021, il décide de diffuser sur écran géant des images de concerts d’AC/DC, Mötley Crüe, Gotthard ou Rammstein, et 800 personnes se déplacent sur deux jours.
«Le lundi, quand je me suis posé dans mon fauteuil, j’ai dit à ma femme: depuis le temps que j’en ai envie, je crois que c’est le fin moment, il faut que j’organise ce festival», raconte Daniel Botteron. Il contacte le propriétaire du terrain, qui accepte de lui mettre à disposition 40 000 m². Deux autres agriculteurs lui laissent 24 000 m² pour les parkings. «Les fans de rock et de metal ont aussi droit à un lieu exceptionnel et pas qu’un champ de patate», insiste l’entrepreneur.
Entre 1500 et 2000 personnes par soir
Le site du festival réservé, il reste à trouver les artistes. Daniel Botteron passe en direct avec les Suisses et convainc des groupes comme Shakra, Silver Dust ou Crystal Ball. Pour les têtes d’affiche, il travaille avec le fils du propriétaire de la salle de concert Z7 à Pratteln, près de Bâle, et décroche ainsi les vétérans suédois du rap metal Clawfinger, les Finlandais de Beast in Black, adeptes de power metal, ainsi qu’Eisbrecher et Feuerschwanz. Ces deux derniers, allemands, sont aussi la démonstration qu’avec sa situation proche de la région alémanique, Rock The Lakes veut viser un public des deux côtés de la barrière de röstis. Et ça se confirme dans la billetterie: un gros tiers des tickets ont trouvé preneur auprès des Suisses allemands. Entre 1500 et 2000 personnes sont attendus chaque soir. C’est déjà un succès.
«À la commune, ça a un peu toussé»
Reste à voir comment les habitants de cette région plutôt tranquilles accueillent l’arrivée de fans de metal. «À la commune, ça a un peu toussé quand j’ai annoncé mon projet, reconnaît Daniel Botteron. Mais on m’a donné un accord de principe assez rapidement. Il y a encore une petite minorité de personnes qui ont peur, cependant, je suis étonné, il y a une pétée de gens des alentours qui vont venir au festival. Ils vont être surpris, on n’a pas des trucs méchants ou gore.»
Tout juste devine-t-on les deux petits crânes dessinés dans la tête de bélier, le logo de Rock The Lakes. «Je voulais quelque chose de costaud et de suisse, explique le fondateur du festival. Ici, on est dans la nature et sur ce terrain il y a d’habitude des moutons et des poneys.» C’est la bête à cornes qui a gagné. D’ailleurs c’est un totem de 6 mètres de haut avec une tête de bélier sculptée à la tronçonneuse qui guidera les festivaliers jusqu’à l’unique scène de 350 m² (la même que la grande de Festi’neuch) où joueront 24 groupes en tout.
Après ces trois jours de metal à Vallamand, Daniel Botteron débriefera avec les propriétaires des terrains et la commune, car il compte bien faire une deuxième édition en 2023. Mais il prévient: «On a un endroit top, je compte beaucoup sur les festivaliers pour montrer qu’on est des gens ordonnés.»
Rock The Lakes, du 19 au 21 août, Vallamand (VD). Pass 1 jour: 68 fr. Pass 3 jours: 158 fr. Toutes les infos: rockthelakes.ch