La BCE empruntée face à la résistance de l’inflation

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Zone euroLa BCE empruntée face à la résistance de l’inflation

Les responsables de la Banque centrale européenne sont divisés entre une nouvelle hausse des taux ou une pause pour préserver la croissance.

Sur cette photo d’illustration, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), s’adresse aux médias à Francfort, en Allemagne, le 27 juillet 2023.

Sur cette photo d’illustration, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), s’adresse aux médias à Francfort, en Allemagne, le 27 juillet 2023.

REUTERS

La hausse des prix à la consommation est restée stable par rapport à juillet, à 5,3%, a annoncé jeudi Eurostat, à deux semaines d’une réunion cruciale de la BCE qui a ouvert la porte à une pause dans la hausse de ses taux d’intérêt. L’inflation en août est supérieure aux anticipations des analystes de Factset et Bloomberg qui tablaient sur un ralentissement à 5,1%.

Pour tenter d’endiguer la flambée des prix à la consommation, la Banque centrale s’est lancée dans un resserrement monétaire d’une ampleur inédite. L’institution a augmenté ses taux neuf fois de suite depuis juillet 2022, portant à 3,75% le taux sur les dépôts excédentaires des banques, qui fait référence.

Conséquence: les demandes de crédits chutent, avec pour effet une baisse de la demande de biens et services. D’où un ralentissement des prix mais aussi un coup de frein à la croissance, qui inquiète de plus en plus.

Encore loin de l’objectif fixé

L’inflation dans les 20 pays partageant la monnaie unique a été divisée par deux depuis le record de 10,6% atteint en octobre 2022 quand les effets de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein. Mais elle reste très au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la BCE. Les données publiées jeudi marquent une pause dans le ralentissement de l’inflation qui s’était poursuivi de façon ininterrompue depuis mai.

En cause, les prix de l’énergie qui continuent de reculer par rapport aux très hauts niveaux atteints l’an dernier, mais de façon moins marquée que les mois précédents. Leur baisse s’est limitée à 3,3% en rythme annuel en août, contre 6,1% en juillet, à cause d’une progression des tarifs pétroliers.

Lent reflux des prix alimentaires

La principale contribution à l’inflation vient désormais de l’alimentation (y compris alcool et tabac) dont les prix ont encore flambé de 10,4% en glissement annuel en août, même s’ils marquent un ralentissement par rapport à juillet (+11,3%). De même, la hausse des prix des biens industriels (hors énergie) a été moindre en août (4,8% après 5% en juillet). Le renchérissement des tarifs des services s’est aussi modérément ralenti à 5,5% (-0,1 point).

Si l’inflation globale a stagné, l’inflation sous-jacente, corrigée des prix très volatils de l’énergie et de l’alimentation a reculé de 0,2 point à 5,3%, comme prévu par les analystes. Or cet indicateur, jugé plus représentatif, est davantage scruté par la BCE. «La légère surprise à la hausse de l’inflation globale de la zone euro en août est entièrement due à l’énergie, tandis que l’inflation sous-jacente a légèrement baissé. Nous ne pensons pas que ces données feront pencher la balance au sein de la BCE» d’un côté ou de l’autre lors de la réunion du 14 septembre, explique Jack Allen-Reynolds pour Capital Economics. Il estime dans tous les cas que la baisse des prix à la consommation va «très probablement» reprendre en septembre et se poursuivre ces prochains mois.

Au sein de la zone euro, la Belgique et l’Espagne ont enregistré l’inflation la plus faible en août à 2,4% sur un an, selon les données harmonisées publiées par Eurostat. Elle a atteint 5,7% en France et 6,4% en Allemagne, tandis que la Slovaquie (9,6%) et la Croatie (8,5%) ont connu les taux les plus élevés.

(AFP)

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